Századok – 1982
Tanulmányok - Magyar István Lénárd: „Quaestio bulgarica” (A kereszténység felvétele Bulgáriában) 839/V
A KERESZTÉNYSÉG FELVÉTELE BULGÁRIÁBAN 879 István Lénárd Magyar "QUESTIO BULGARICA" (La Chiistianisation de la Bulgarie) (Résumé) La "questio bulgarica", la question de l'Église bulgare, représente bien davantage que la christianisation des Bulgares, vers le milieu du 9e siècle, en 864. En Bulgarie, cela représente un processus de près d'un demi-siècle dont l'an 864 ne constitue qu'une partie. Ce processus dépasse largement les cadres de l'histoire bulgare et contribue fortement à la division culturelle et religieuse de l'Europe, au schisme, devenu définitif en 1054. Au milieu du 9e siècle la christianisation était une nécessité historique pour les jeunes États "slaves" de l'Europe, pour la Moravie (863) et la Bulgarie (864). Cependant, à quelle forme concrète du christianisme, encore officiellement unitaire, ils se joindront, cela ne dépendait point d'aspects dogmatiques, mais entièrement d'aspects politiques (de politique extérieure et ecclésiastique). Sous les deux aspects, c'est la proximité géographique qui dominait. L'objectif des princes Rastislav et Boris était également d'éviter la dépendance politique que cette proximité aurait pu imposer, aussi aucun d'eux ne voulait étre christianisé par le voisin proche, et la Moravie choisit donc de se joindre à la chrétienté orientale et la Bulgarie à la chrétienté occidentale. De plus, même après la christianisation "officielle", avec contribution byzantine, après la "christianisation forcée" (864) par Byzance, la Bulgarie a tenté pour un temps bref de revenir à cette conception première. C'est que la question de l'Église bulgare, la "questio bulgarica", donc ce mode de christianisation n'a de loin pas solutionné, a laissé ouvert le sort de la Bulgarie pour les missions latines et grecques qui se suivaient, et qui ne pouvaient pas apporter une solution rassurante. Dans la question de l'appartenance ecclésiastique et politique des Bulgares - et des Moraves - ce sont les provinces des Empires et des Églises de l'Occident et de l'Orient qui se trouvaient en confrontation, et ainsi la Bulgarie et lr> Moravie, jeunes États slaves récemment christianisés, devinrent victimes des conflits d'intérêts entre le Royaume des Francs Orientaux et Byzance, entre Constantinople et Rome.D'autre côté, les mêmes conflits d'intérêts contribuaient à ce que la Bulgarie, après des luttes d'un demi-siècle, pût, à la fin du 9e siècle, en 893, réaliser dans sa vie ecclésiastique et étatique l'indépendance dont, en 864, elle n'osait même pas rêver: c'est alors qu'elle acquit la vraie "autonomie" grâce à l'introduction de la langue slave dans la liturgie et dans l'administration de l'État. Pour la Bulgarie, il n'existait pas d'autre alternative, elle était réduite à tenir compte des points de vue géographiques, de la proximité de Byzance. Par conséquent, et indépendamment des premières conceptions, en présence de telles garanties de l'autonomie, elle se voyait forcée à s'intégrer seulement à l'Europe Orientale, dans les cadres de la chrétienté orientale. C'est dans ce sens que la poussaient aussi les Hongrois envahissant en 896 le bassin des Carpathes et y fondant leur nouvelle patrie. Ils s'intercalèrent entre les Slaves, éliminant ainsi définitivement les possibilités de contacts entre les Slaves occidentaux et Byzance, ou entre les Bulgares et l'État franc. L'aspect géographique a dans ce cas aussi, décisivement déterminé l'évolution de l'histoire de l'Europe. Les documents, tout comme les enseignements de la "questio bulgarica" ont pourtant survécu. Au temps du prince Géza les moines orientaux de rite grec, tout comme les bénédictins le savaient fort bien en venant en Hongrie pour convertir les Hongrois au christianisme.