Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
Les expéditions de Nicopolis (1396) et de Varna (1444): une comparison 47 proclama le djihad et renforça ses effectifs avec les troupes ruméliotes et la population mâle mahométane des environs de la capitale en état de porter les armes75. Le plus dur restait à faire: anéantir l’armée ennemie qui menaçait l’existence de l’empire. Avec toute la puissance militaire dont il disposait à ce moment-là, environ 40.000 soldats, Murád II marcha par le défilé de Nadir Derbent et passa par les villes de Şumla et de Provadia à la rencontre des forces croisées76. Ce fut le fait du hasard ou plutôt les renseignements fournis par ses guetteurs qui dirigèrent l’avant-garde commandée par le beylerbey d’Anatolie77 sur les traces de l’ennemi. En effet, plusieurs jours avant la bataille, en interceptant les communications de l’adversaire, les Ottomans avancèrent vers Varna par le même trajet que celui emprunté par les chrétiens78. Dans la nuit du 9 novembre, l’armée turque campait à proximité du futur champ de bataille. Un vent léger de panique et d’inquiétude traverse les rangs de l’armée chrétienne à la nouvelle de l’approche des forces ottomanes. L’avance des forces turques fut précédée par plusieurs écrans d’akindjis en avant-garde qui envoyèrent des reconnaissances au nord de Tîmovo. Comme d’habitude ils commencèrent à harceler et à attaquer les cavaliers chrétiens qui s’aventuraient vers le Sud. “Cependant les soldats, qui étaient obligés de courir les alentours pour fourrager, s’étaient déjà plusieurs fois aperçus de la présence de l’ennemi ; surpris par des détachements qu’on avait placés en embuscade, ils avaient été taillés en pièces ou mis en fuite. Comme à leur retour dans le camp, ils avaient raconté ce qui leur était arrivé, le maréchal les avait fait battre ou mutiler, les traitant de larrons et de traîtres, qui voulaient, disait-il, effrayer l’armée par leurs récits mensongers.”79 Le commandement chrétien ne pouvait pas cependant ignorer leurs récits. Le 23 septembre le roi Sigismond décida à envoyer le comte Jean de Maroth avec un puissant détachement de cavalerie pour effectuer une reconnaissance vers Tîmovo. Celui-ci revint le lendemain en rapportant que l’armée ottomane au complet se trouve bel et bien à une journée de marche des positions chrétiennes80. “Ce fut le dernier dimanche du mois de septembre qu’on acquit dans le camp la certitude de l’arrivée des Turcs. Nos soldats effrayés levèrent le siège.... Si l’on en croit des personnes dignes de foi, ils en furent tellement irrités. Oubliant les devoirs de la foi jurée, ils égorgèrent sans pitié les prisonniers qui s’étaient livrés à leur merci.”81 Il s’agissait d’un millier des Turcs capturés à Rahova, geste qui provoqua la colère du sultan82. Ce jour de dimanche Bayazid fit avancer son armée sur la 75 Lufti Pacha, p. 241. 76 Selon Dlugosz, col. 803, le 5 novembre l’armée ottomane se trouvait à Şumla. 77 Idrîs Bidlisî, Hest Bihist dans Cronici turceşti, p. 174. 78 Chalcocondylas, p. 196, affirme que les Turcs marchaient depuis quatre jours sur les arrières des forces croisées. Cf., aussi Diaconescu, p. 34; F. Babinger, p. 254. 79 Chronique du Religieux de Saint-Denys, p. 501. 80 E. Hurmuzachi, 1/2, p. 431; Kupelwieser, p. 19; Panaitescu, p. 267. 81 Chronique du Religieux de Saint-Denys, p. 501. 82 “Un pareil acte d’inhumanité, surtout de la part d’hommes ayant pris la croix pour délivrer l’Eglise opprimée par les infidèles, ne s’explique que par un instant d'affolement, quand l'ennemi fut signalé”, Delaville le Roulx, p. 259.