Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
48 Emmanuel C. An toc he route de Nicopolis et établit son campement derrière les collines qui surplombent la ville. Presque le même scénario dut se passer dans l’après-midi du 9 novembre 1444, lorsque des rumeurs commencèrent à circuler dans les rangs de l’armée chrétienne au sujet des forces ennemies qui avançaient à leur rencontre. La nouvelle provoqua une certaine angoisse parmi les soldats fatigués après de longues semaines de marche à travers les Balkans. La nuit s’installa assez vite dans cette période de l’année et bientôt le camp croisé se trouva envahi par les ténèbres et par le froid glacial qui venait du côté de la mer. Vers le nord-ouest l’horizon s’enflamma. Des milliers de feux attestaient la présence d’un ennemi qui à un moment où on le croyait encore loin, vers Andrinople où sur le rivage asiatique de la Marmara. Les chrétiens regardèrent éblouis le spectacle des flammes qui annonçait pour le lendemain une bataille décisive83. Tout le monde se rendit alors compte de la gravité du danger. Après avoir franchi le Bosphore, Murád II avec toute sa puissance militaire se trouvait à peine à quelques kilomètres du camp chrétien. On n’avait pas de nouvelles de la flotte et le lendemain matin il fallait livrer un combat qui s’annonçait décisif. Probablement, ce n’était pas la supériorité numérique de l’adversaire qui inquiétait le plus le commandement allié. A la bataille de Sibiu (le 22 mars 1442), ou à la bataille de Ialomiţa (le 2 septembre 1442), durant la longue campagne, les Turcs ont été chaque fois plus nombreux que les croisés et chaque fois ont été vaincus. Mais cette fois-ci l’armée du roi Vladislav se laissa surprendre stratégiquement par son adversaire qui arriva soudainement à un moment et dans une position où elle n’était pas préparée à livrer bataille. Cette lutte était imposée par le sultan et non par les chrétiens. Mais le fait le plus important était que les Ottomans tenaient les hauteurs et occupaient maintenant les meilleures positions de combat. Reconnaissance roumaine avant la bataille. On peut considérer que l’incursion menée par le comte de Maroth dans la journée du 23 septembre en direction de Tîrnovo fut une reconnaissance stratégique qui permit au commandement chrétien de se rendre compte de la présence des forces ennemies dans la région. Cependant, les sources mentionnent une deuxième reconnaissance qui se déroula probablement dans l’après-midi, ou plutôt dans la soirée du 24 septembre. Johann Schiltberger, qui participa à la campagne de 1396, écrivit dans ses mémoires que le prince de Valachie nommé Mircea demanda à Sigismond la permission d’aller reconnaître les positions de l’armée turque. A la tête d’environ 1.000 cavaliers du contingent qu’il avait sous ses ordres, le voïvode réussit à s’approcher en silence du camp ottoman84. Grâce à cette reconnaissance tactique on 83 Dlugosz, loc. cit.; Minea, p. 246. Selon B. Cvetkova, p. 26, c’est ainsi que les armées asiatiques avaient parfois l’habitude d’effrayer leurs ennemis avant une bataille. 84 Schiltberger, p. 3; Rosetti, p. 636; Panaitescu, p. 267; Atiya, p. 65, met en doute l’existence de cette deuxième reconnaissance en affirmant que la seule incursion vers les lignes turques fut celle menée par le comte de Maroth!