Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)

Cruciada Târzie

40 Emmanuel C. Antoche Il existait cependant une deuxième alternative stratégique pour arriver aux approches de Constantinople. Suivre en aval le cours du Danube jusqu’au littoral de la mer Noire, puis descendre vers le sud en longeant la côte afin de sortir dans la plaine d’Andrinople. Si un pareil itinéraire favorisait la coopération avec les forces navales, il nécessitait en échange le siège et la prise de toutes les forteresses et des villes défendues par les garnisons ottomanes de la région32. Selon le traité conclu avec l’empereur Manuel Paléologue pendant l’hiver 1395-1396, Sigismond devait entrer en campagne dans la région du Danube en mai 1396 pour arriver avec ses troupes à Constantinople au cours du mois suivant33, distance impossible à franchir pour une armée dans un délai de quatre semaines même si elle ne devait rencontrer qu’une résistance faible de la part de l’adversaire. En 1396, les opérations des forces terrestres furent soutenues par la flotte vénitienne, génoise et byzantine qui remonta le fleuve jusqu’à Nicopolis pour assurer une partie de la logistique de l’expédition. On avait projeté aussi de bloquer les Détroits afin de séparer la rive anatolienne de la Roumélie34, une ressemblance frappante avec le plan de la croisade de 1444 conçu par Jean VIII qui fut exposé au Concile de Florence en 1439 par le Crétois Yannakis Torcello, ambassadeur de l’empereur byzantin. On se rappelle que l’ensemble des pays chrétiens devait réunir une armée de terre forte de 80.000 hommes qui allait se diriger vers Andrinople et Constantinople à travers les Balkans et une flotte de guerre capable de bloquer en même temps les Détroits afin d’empêcher le passage des forces opérationnelles turques d’Anatolie en Europe35. Nous ne pouvons pas établir avec exactitude la date de l’arrivée du contingent occidental à Buda, lieu de rassemblement de l’armée croisée en 1396. Les chevaliers firent leur entrée dans la capitale du royaume hongrois fin juin - début juillet de l’année36. Lors du premier conseil de guerre, Sigismond “prince non moins illustre par sa piété que renommé par sa vaillance”37 proposa à ses alliés une stratégie défensive, car il attendait depuis fin mars l’attaque des forces ottomanes sous les ordres du sultan Bayazid38. Ses arguments qui conseillaient la prudence et la modération prenaient en compte la fatigue du contingent croisé suite à une longue marche à travers l’Europe mais aussi la saison déjà avancée pour entamer des opérations offensives d’envergure contre l’ennemi. A en croire Froissart, son plan fut repoussé par l’ensemble des chefs occidentaux. Enguerrand 32 De Nicopolis ou de Şiştov les forces chrétiennes avaient la possibilité de descendre vers les Balkans pour les franchir par le col de Chipka mais elles s’éloignaient ainsi de la ligne du Danube, tandis que les Ottomans pourraient bloquer facilement le col en empêchant le passage. 33 Ş. Papacostea, op. cit., p. 9. 34 Beckman, loc. cit. 35 Bertrandon de la Broquière, Voyage d'Outremer, éd. Ch. Shefer, Paris, 1892, p. 265-266; Fr. Pali, Le condizioni e gli echi internazionali della lotta antiottomana, p. 435. 36 Atiya, p. 54-55. 37 Chronique du Religieux de Saint-Denys, p. 485. 38 Le sultan lui avait d’ailleurs écrit en l’annonçant de l’attaque qu’il projetait contre la Hongrie à cette période de l’année. Le texte de la lettre dans L. Thallóczy, Mantovai követjárás Budán. 1395, in Értekezések a történeti tudományok köréből, 1905, p. 107-108.

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