Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
Les expéditions de Nicopolis (1396) et de Varna (1444): une comparison 39 fait, que reproduire la politique romaine et byzantine, confrontée, bien avant la venue des Ottomans, aux mêmes impératifs géopolitiques et stratégiques30. De Belgrade conquis en 1521 jusqu’au littoral de la mer Noire, les frontières septentrionales de l’empire étaient protégées par le Danube sur un axe horizontal allant de l’ouest à l’est. A la même période, lorsque les armées ottomanes commencèrent à s’emparer des plaines hongroises tout en menaçant les approches de Vienne, elles suivirent en amont le grand fleuve sur un axe qui partant de Belgrade montait vers le nord jusqu’à Buda pour obliquer ensuite vers le nord-ouest jusqu'à la capitale des Habsbourg. Le flanc droit de leur offensive était couvert par l’axe horizontal, dont un réseau des forteresses et des châteaux bâties jadis par les Romains puis par les Byzantins assuraient constamment la défense. Les Ottomans construisirent d’autres, tout en améliorant les anciens mais ils s’emparèrent aussi, dès la première moitié du XVe siècle d’une partie du système défensif valaque situé sur la rive gauche du Danube. Les forces chrétiennes qui devaient prendre l’offensive en direction de Constantinople, via Andrinople, ne disposaient que d’un choix restreint de stratégies à suivre, car au sud de la plaine danubienne se dressait la chaîne montagneuse des Balkans, deuxième obstacle naturel qui gênait considérablement toute progression vers la capitale byzantine. L’alternative la plus envisageable était une offensive qui ayant comme point de départ la Serbie était dirigée directement vers le sud-est à travers les montagnes sur l’ancienne voie romaine qui reliait autrefois Belgrade à Andrinople par NiS et Plovdiv (Philippopolis). Pour cela il fallait cependant franchir le col d’Ihtiman où ceux de Zlatica et de Trajan, opération qui par temps d’hiver était pratiquement impossible si l’ennemi en contrôlait les accès. L’offensive devait être menée avec rapidité pour empêcher les Turcs à concentrer leurs troupes en temps voulu, tout en évitant les harcèlements et les attaques des garnisons du Danube, car lors d’une avance vers le sud la gauche chrétienne restait découverte ce qu’aurait permis aux détachements ottomans de déboucher sur les arrières de l’armée en offensive. Ce fut l’itinéraire suivi par les forces croisées pendant la longue campagne pour plusieurs raisons d’ordre stratégiques et politiques31. Ayant débuté tardivement au mois de septembre 1443, elle échoua face à la résistance acharnée de l’adversaire, mais aussi à cause des rigueurs climatiques. Après avoir occupé la ville de Sofia en Bulgarie, les troupes chrétiennes furent définitivement stoppées par l’ennemi devant le col de Zlatica au cœur des Balkans. A l’automne de 1448, Hunyadi prit à nouveau l’offensive à travers la Serbie jusqu’au Champ des Merles dans la région de Kossovo, mais cette fois-ci il visait la jonction avec les forces albanaises de Georges Castriota Skanderbeg pour continuer ensemble l’offensive vers la capitale byzantine. 30 Babinger, Die Donau als Schicksalsstrom des Osmanenreiches, in Südost-Europa Jahrbuch, V, 1961, p. 15-25. 31 Le despote de Serbie Georges Brankovié (1427-1456), dont la contribution financière fut considérable, désirait libérer son pays des conquérants turcs, condition primordiale pour la poursuite des opérations militaires à travers les Balkans.