Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)

Cruciada Târzie

32 Emmanuel C. Antoche Evénement unique dans son genre au moins pour les Hongrois, les Byzantins et les peuples de l’Europe balkanique qui voyaient enfin arriver à leur secours les contingents de la chevalerie occidentale, afin de mener une lutte commune contre la menace de plus en plus grandissante des Ottomans. L’importance primordiale de cette alliance chrétienne, de cette coopération militare devenue un fait réel même pour les esprits les plus pessimistes, ne pouvait pas être saisie et comprise entièrement à l’époque par des chevaliers arrivés au bord du Danube en quête de butin, d’aventure et de gloire. Autrement pensèrent cependant, le roi de Hongrie Sigismond de Luxembourg ou l’empereur de Byzance Manuel II Paléologue (1391- 1425), directement confrontés au péril turc, et dont les efforts diplomatiques d’impliquer aussi l’Occident étaient enfin pleinement récompensés5. La bataille de Nicopolis, première confrontation militare d’ampleur entre l’Europe et les Ottomans avait fini par la victoire de ces derniers. Or, la première bataille, sinon décisive reste toujours primordiale pour n’importe quel belligérant. Les souvenirs demeurent inoubliables et les conséquences en cas de défaite sur le moral d’une armée, d’un peuple ou d’une civilisation sont difficilement maîtrisables. A Nicopolis, les forces chrétiennes avaient les chances de l’emporter, car c’était pour la première fois qu’elles affrontaient unies cet ennemi redoutable sur le champ de combat. Occasion unique qui fut manquée, d’où la méfiance et la prudence de revenir à la charge une seconde fois6. En revanche, Nicopolis fut une victoire de prestige pour les Ottomans, symbole de leur installation définitive et irréversible sur le continent européen. Elle éloigna pour quelques décennies la menace croisée des frontières de l’empire, facilita l’implantation et la consolidation du pouvoir étatique dans la péninsule des Balkans tout en encourageant les nouvelles conquêtes. Malgré la grave crise politique et à l’anarchie survenues après la défaite subie face aux Mongols de Timur Lénk à Ankara en 1402, période de troubles qui prit fin en 1413 avec l’avènement au pouvoir du sultan Mehmed Ier (1413-1421), l’Europe se contenta de regarder et d’observer l’évolution de son adversaire sans réagir militairement, une des causes pour le moins subjective étant, sans doute, les traces laissées par le mauvais souvenir de 1396. Si Nicopolis consolida les assises de la présence ottomane dans les Balkans, la bataille de Varna (le 10 novembre 1444) le fit de même, mais pour plusieurs siècles à venir en scellant définitivement le sort de Byzance. L’expédition de 1444 fut, à son tour, une occasion unique dans son genre de chasser les Turcs du continent européen. Les défaites militaires subies par l’armée ottomane durant la longue campagne et la menace constante des Karamanides en Asie Mineure, qui obligea l’Empire à concentrer ses meilleures troupes dans cette zone de l’empire, suivie par l’abdication du sultan Murád 11 (1421 - 1444; 1446 - 1451) ont crée une 5 L’ensemble du problème étudié par Mályusz, p. 128-132; Djurié, chap. Byzance vers la fin du XIVe siècle, p. 11-48, et notamment Papacostea, loc. cil. 6 J. Farkas, Südosteuropa. Ein Überblick, Göttingen, 1955, p. 64: “Nach Nikopolis verior Europa die Lust, gegen das Osmanenreich einen Kreuzzug zu führen, der Sultan aber gab die Achtung vor den europăischen Waffen auf.”

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