Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Antal Németh: Une vie au service de la Tragédie de l'homme

Sa maestria était telle qu’il était parfaitement capable d’exprimer tous les états d’âme et tous les caractères par la seule danse. Le style macabre était sa grande spécialité. A ma demande, il a non seulement réalisé la chorégraphie du spectacle mais il a aussi joué et dansé le personnage de la Mort, portant haut-de-forme et habit, dans le tableau londonien. Les groupes et les personnages de la foire se meuvent comme des automates et tombent ou se pétrifient aux gestes de la Mort. Dans sa danse macabre, chaque fois qu’il s’arrête devant un personnage, la musique se tait et c’est dans ce silence de mort que chacun prononcet ses deux vers avant de descendre dans la fosse, comme la petite filfille aux violettes à qui la Mort vient d’acheter les dernières fleurs. Trois pièces tintent dans sa sébile et elle dit avant de disparaître: „J’ai tout vendu, mais d’autres fleurs/ /Pousseront sur moi si je meurs.” Quand tous duront disparu de la sorte, la musique passe au fortissino et la Mort parcourt la foire en dansant, contournant les cadavres qui jonchent la scène qui tourne, jusqu’à ce qu’il aperçoive le seul être vivant: Eve. Lorsque celle-ci prononce sa réplique, une lumière crue lui arrache le voile et la fait apparaître, victorieuse de la Mort, dans sa nudité triomphante. C’est dans le tableau de Londres que Madách réussit à éclairer le plus nettement l’envers et l’endroit de la destinée humaine, entrevue par Adam, et les aspects positifs et négatifs de toute réalisation de l’homme. D’ailleurs, ce double aspect se retrouve dans tous les tableaux historiques de l’oeuvre. La création de 1937 m’avait aussi fait découvrir, entre autres, que plus les tours de la mise en scène sont efficaces et spectacu­laires, plus l’attention du public est détournée du texte même. Ainsi, par exemple, le tableau de l’Espace était trop bien mis en scène. Toute la salle, en effet, s’envolait, voyageait dans l’Espace puis retombait sur la Terre avec Adam, aussi personne n’avait-il prêté attention, durant cette expérience insolite, au dialogue, d’une importance capitale pour la compréhension de toute l’oeuvre. C’est ainsi que j’étais donc amené à concevoir une mise en scène qui devait entièrement s’effacer devant le texte. J’ai donc décidé de monter la Tragédie, sans le moindre artifice scénique, 38

Next

/
Oldalképek
Tartalom