Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Sándor Hevesi: La nouvelle Tragédie de l'homme

Voici ce que j’ai trouvé. Tous les mystères du Moyen Age commençaient par un prologue céleste, comme la Tragédie de l’homme et ce prologue était dans les mystères, comme dans l’oeuvre de Madách, l’exposition de la lutte entre le Seigneur et Satan. C’est cette lutte qui décide le Seigneur à envoyer son Fils sur la Terre pour racheter l’homme. De son côté, Satan combat, tout le long de la passion, cette opération de rachat. Tout ce jeu dramatique, toute cette comédie pour ainsi dire divine, n’avait de sens, n’était perçu par le public qu’avec la présence constante, tout le long du mystère, du Dieu du Ciel et aussi de Satan. C’est là que résidait toute l’unité, toute la qualité dramatique du mystère. Pourquoi ne pourrait-on pas replacer la Tragédie de l’homme, mystère le plus complet qui soit, dans le cadre qui lui revient tout naturellement parce qu’elle en est issue par sa composition? Pour­quoi ne rendrait-on pas visible la lutte de Dieu et Lucifer? Visible d’une manière permanente parce que la scène du mystère avec toute la richesse de sa triple division s’y prête admirablement. Pourquoi ne pas construire sur la scène le cadre monumental du mystère qui convient à cette oeuvre monumentale? Pourquoi ne pas débarrasser la scène de toutes ces toiles inutiles? et pourquoi ne pas utiliser cet espace où la foule peut évoluer infiniment mieux que dans aucun autre dispositif scénique? En montant la Tragédie dans le cadre et la structure de la scène d’un mystère, on pourrait mettre en relief, selon le cas, les déplacements des protagonistes ou ceux de la foule. Grâce à ses dimensions spacieuses, une telle scène permettrait aussi de séparer les protagonistes de la foule, établissant une distanciation telle que l’illusion du public reste entière alors que la scène de conception traditionnelle la fragementait et rendait l’effet dérisoire. Ainsi, pour la scène londonienne, notamment, les différents groupes devaient être entassés, emmêlés sans raison et en contradiction avec le sens du texte. De même à Athènes, Lucie se trouvait si près de la foule en effervescence qu’elle voyait et entendait tout ce qui se passait mais elle devait quand même le demander, assez bêtement, à son fils. Une scène de jeu de mystère permet de ré­soudre tous ces problèmes et assure l’illusion parfaite et naturelle dont le public a besoin pour regarder le spectacle. 34

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