Folia Theologica 13. (2002)
Péter Erdő: La Place de l'Eglise Catholique Romaine dans la societe hongroise et son rapport juridique avec l'etat
LA PLACE DE L'EGLISE CATHOLIQUE 19 concordat au sens propre du terme, car il ne réglemente pas l'ensemble des relations ou des questions fondamentales des rapports entre l'Eglise et l'Etat, mais il contient plutôt une solution à quelques problèmes d'application de la loi No. IV de 1990 sur la liberté religieuse et de la loi No. XXXII de 1991 sur la régularisation de la propriété d'immeubles qui appartenaient auparavant à l'Eglise. En effet, en 1945, les biens de l'Eglise et les grandes propriétés foncières28, qui constituaient la base économique de l'activité ecclésiastique depuis le début du christianisme hongrois (la sécularisation décidée sous Joseph II a touché, en Hongrie, uniquement les biens des ordres religieux, mais pas les biens diocésains) ont été nationalisés. Dans les années d'après guerre, ont été nationalisés ou collectivisés également tous les autres biens de l'Eglise, y compris les petits terrains des bénéfices paroissiaux et le patrimoine des associations et des fondations29. Il faut cependant noter que les édifices du culte eux-mêmes, sont restés propriété ecclésiastique. Dans les années 1945-1951, l'Église est donc ainsi passée directement de l'ancien régime au communisme. Après 1989, les biens de l'Église n'ont pas été restitués, de même qu'il n'y a pas eu en général de vraie restitution des autres biens nationalisés. Il y a eu en fait indemnisation ou compensation partielle pour la propriété des personnes privées. Pour l'Église, a été appliqué un système spécial de compensation. Elle n'a pas reçu d'indemnisation partielle pour les biens de rapport (comme les terrains, maisons à louer etc.), mais elle a pu récupérer les immeubles utilisés avant 1948 dans des buts d'activité religieuse, d'éducation, d'enseignement, d'activité sociale ou médicale30, à condition que ces édifices en question soient encore propriété de l'État et que l'Église les utilise pour une de ces fonctions précitées31. L'État doit par ailleurs indemniser le propriétaire actuel, qui est en général une institution municipale. La «restitution» suppose donc le paiement de sommes importantes, supportées par le budget de l'État32. Ceci 28 Décret-loi n. 600/1945. 29 Pour les fondations voir Décret-loi n. 2/1949. 30 Loi n. XXXII/1991, § 1 (1) et § 2 (2). 31 Ibid. 32 Pour un image statistique sur la division de cette somme voir P. Erdő - B. SCHANDA, Die Beziehungen zwischen Kirche und Staat in der ungarischen