Folia Theologica 8. (1997)
István Baán: L'Espirit-Saint dans la vie du chrétien chez Chrysostome
L'ESPRIT-SAINT 139 Hélàs, ce schème ne se trouve, à notre connaissance, qu’une fois dans les oeuvres de Chrysostome, et n’est pas explicité davantage d’une façon théorique. Il contentera d’appliquer une métaphore pour mettre en lumière la structure de la relation de l’Esprit-Saint et de l’homme baptisé. La spécificité de ce hapax des trois catégories consiste en ce qu’au lieu des vertus, des vices et des états moraux l’orateur avait placé des termes plus personnels dont l’un est éminemment divin: c’est l’Esprit-Saint lui-même. Alors, le schème éthique est christianisé, au profit de la théologie, non pas sans des certaines inconséquences, car le mauvais n’est pas représenté par le Diable, personnification de la méchanceté inchangeable. On pourrait expliquer ce déséquilibre des catégories par le fait que Jean veut souligner la responsabilité de l’homme sur qui l’esprit mauvais n’agit pas par violence, c’est pourquoi l’homme reste le maître de sa volonté et de son action.14 De cette façon, la vertu est beaucoup plus que la réalisation d’une décision de la bonne volonté: c’est l’acte de l’homme en tant qu’âme et corps qui librement choisit l’Esprit-Saint reçu dans le baptême. La relation entre l’Esprit et l’homme est toujours dynamique, et n’abolit jamais la responsabilité de îtpoaipeGtç. À notre avis c’est en ce sens qu il faudrait interpréter le fameux texte de Chrysostome, au ton “pélagien”: “Notre premier pas dans la foi dépend de notre bonne volonté, de notre docilité à la voix de Dieu qui nous a appelés, mais quand la foi est entrée en nos âmes, nous avons besoin du secours du Saint-Esprit pour la garder ferme et inébranlable. Car ni Dieu, ni la grâce du Saint-Esprit ne préviennent notre volonté. Dieu, il est vrai, nous appelle, mais il attend que nous venions librement et de notre gré, et quand nous sommes venus, il nous prête tout son secours.”15 Le chrétien est celui qui est né de l’Esprit16, homme spirituel qui vit sous la loi de l’Esprit, c’est-à-dire en se rapportant à la loi néotestamentaire qui donne abondamment l’Esprit à ceux qui la reçoivent.17 Le chrétien participe à l’Esprit18 par bienfaisance de qui il est devenu un ange, en recevant la grâce de l’Esprit.19 Son âme de morte 14 NOWAK, E. p. 51 15 Habentes eundem Spiritum 1,5: PG 51,276 16 In Joh. 26,1: PG 59,124; In Ep. I ad Cor. 29,3: PG 61,245 17 In Ep. ad Rom. 13,4: PG 60,513 18 Exp. in Ps 44,9: PG 55,197; In Ep. I ad Cor. 29,3: PG 61,245 19 In Pentecosten 2,1: PG 50,464
