Folia Theologica 8. (1997)
István Baán: L'Espirit-Saint dans la vie du chrétien chez Chrysostome
138 I. BAÁN Le péché, nommé loi de péché par Paul, peut vaincre l’homme naturel qui ne possède pas l’Esprit, ou mieux qui n’est pas possédé par 1’ Esprit-Saint. Le baptisé est rendu capable de mener une vie plus parfaite, il n’évite pas seulement le mal, mais il fait le bien aussi,8 parce qu’il a été délivré de ses péchés dans le baptême avec la puissance de l’Esprit9 qui l’avait appelé à la liberté, l’avait élévé à l’adoption de l’enfant de Dieu, et l’avait pour ainsi dire recréé d’en haut.10 Il est un homme spirituel qui vit sous la loi de l’Esprit. Mais comment peut-on garantir que les actes du chrétien soient essentiellement bons? On rencontre ici un schème ancien, trop connu depuis le stoïciens. Chrysostome fait allusion à la division des choses en trois catégories: des choses bonnes, des choses mauvaises et des choses indifférentes. “Les bonnes (choses) sont celles — dit-il — dont l’essence ne change pas davantage, telles que la tempérence, la générosité et autres semblables; il y a des choses mauvaises et qui ne changent pas davantage, comme la luxure, la férocité, la barbarie; il y a enfin des choses qui deviennent bonnes ou mauvaises selon l’usage qu’on en fait... la richesse et la pauvreté, la santé et la maladie, la vie et la mort, la gloire et le déshonneur, la liberté et la servitude.”11 C’est un point de vue moral qui dicte à Chrysostome ce groupement en trois catégories.12 Cette perspective correspond à l’héritage stoïcien, communément admis à l’époque de l’orateur antiochien. Mais il transforme ces catégories par rapport à Rom 8,9: “au nombre (des choses indifférentes) sont l’âme et le corps qui peuvent devenir bons ou mauvais,... la prudence de la chair, c’est-à-dire une action mauvaise, est toujours mauvaise, car elle n’est point soumise à la loi de Dieu,... mais l’Esprit est toujours bon et ne peut jamais cesser de l’être.”13 Le schème éthique d’origine philosophique devient un schème théologique qui aiderait à expliquer le comportement de l’homme spirituel. 8 ibid. 13,6: PG 60,516 9 In Pentecosten 1,3: PG 50,458 10 ibid. 2,1: PG 50,463 11 Ego Dominus Deus 5: PG 56,149: 147 12 NOWAK, E., Le chrétien devant la souffrance. Étude sur la pensée de Jean Chrysostome, Paris 1972, p. 68 13 In Ep. ad Rom. 13,7: PG 60,518
