Folia Theologica 8. (1997)

Ferenc Szabó S.J. La résurrection et la transfiguration du cosmos

TRANSFIGURATION DU COSMOS 131 Les Pères ont-ils perçu l’écart entre le texte qu’ils lisaient et l’événement servant d’horizon à ce texte? Sans doute, ils n’ont pas eu la conscience vive (comme les modernes) du fait que le témoignage intial était déjà une interprétation, que le kérygme est aussi un témoignage22. Pourtant, comme l’a fait remarquer Anne-Marie Pelletier, les Pères ont reconnu que les mots incorporaient à leur valeur référentielle l’acte de foi, et „que l’acte de foi était bien un acte ayant valeur modelante. Seulement, ils ont lu la Bible dans la perspective de ce qu’on pourrait appeler un réalisme spirituel, dont le ressort est d’intégrer l’expérience sensible, tout en l’outrepassant. Ainsi, il l’ont lue comme témoignage dont la propriété est - pour parler corne Augustin commentant le quatrième Evangile - de croire précisément »ce qu’on ne voit pas«. C’est de la sorte, par exemple, que les mots qui disent la Résurrection parcourent et élaborent bien, à leurs yeux, la distance entre ce qui a été vu et ce qui a été cru par celui qui voyait et qui parle. En ce sens, l’exégèse ancienne connaît la Bible comme un texte saturé d’interprétation, tout comme elle connaît l’humanité de son écriture.” On ne peut donc dénier simplement aux Pères la conscience d’un écart entre l’événement et les mots, même si cette conscience s’élabore autrement qu’elle ne le fait aujourd’hui. Pelletier ajoute justement: „il y a moins de distance entre les Pères et le texte qu’ils lisent que entre nous et ce même texte. De là l’idée assez naturelle que notre problème doive leur être inconnu.”23 Paul Ricoeur a bien vu que l’hermeneutique s’est constituée (pour une grande partie) dans l’enceinte de l’interprétation de l’Ecriture Sainte et que les philosophes doivent être attentifs à l’exégèse médiévale (les quatre sens de l’Écriture), dont le P. H. de Lubac a publié des monographies monumentales. Ricoeur, dans De l’Interprétation, indiquait seuelment l’intérêt d’une étude sur l’oeuvre du Père de Lubac, mais dans la préface au Jésus de Bultmann, il emprunte largement aux quatre sens (historique, allégorique, moral, anagogique) de l’Écriture. Par-delà la simple réinterprétation de l’Ancienne Alliance et la corrélation typologique entre les deux Testaments, „ce que 22 Ibid. pp. 891sq. „Réalité et langage de la Résurrection” par P. Fruchon. 23 Anne-Marie PELLETIER, „L’exégèse biblique sous l’inspiratioin de l’herméneu­tique: un accès réouvert à la temporalité biblique”, in: Paul Ricoeur. Les Méta­morphoses de la raison herméneutique. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 1988. Sous la direction de J. Greisch et R. Kearny, Cerf, Paris 1991, 304-305.

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