Folia Theologica 2. (1991)
Brunó Tarmay: Le raisonnement par calcul et la "reditio completa"
84 B. TARN A Y de toute recherche concernant les possibilités de la formalisation et cette condition trans-objective, c’est l’existence du sujet. En fin de compte, au-delà du construisible effectivement, se trouve l’Infini. Comme un outre-monde, radicalement distinct de celui du raisonnement rigoureusement prédéterminable, il s’ouvre comme horizon, comme possibilité vague, ou comme des espaces silencieux de l’intelligibilité inexhaustible. La pensée humaine ne touche pas cet Infini à travers un concept de même taille que les formalismes. Elle le saisit dans son propre fond, non plus comme des „intentiones universalitatis”, mais comme le dynamisme „faciens universalitatem in rebus”. „Rediens ad essentiam suam”, elle trouve la source de ses opérations qui est la tendance à se conformer au réel: „ut rebus conformetur”, qu’elle soit accomplie par les voies calculables à l’avance, en un bloc tout fait, ou que cette conformité se réalise par des initiatives toujours recommencées. Cette souplesse de la pensée, reconnue de nos jours même par le rationalisme nouveau, n’est rien d’autre que la spiritualité d’un acte, c’est à dire, une certaine indépendance en face des structures internes et externes. Précisément par sa dualité interne qui apparait par l’établissement des limites du raisonnement, éventuellement aveugle, cet acte se reconnaît lui-même et prend en possesion ses propres profondeurs: „est rediens ad essentiam suam reditione complete”. C’ est - selon les mots de Pascal - en quoi consiste toute notre dignité.