Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 65 nion eucharistique est 1 'apex communionis et ne peut être utilisée comme “viatique” en cours de route vers l’unité. “Significatio unitatis plerumque vetat communicationem’' (UR n° 8). En vertu du second principe de la gratia procuranda, la c.i.s. en faveur des frères séparés n’est pas exclue (“commendat” UR n° 8), puisque le sacrement est moyen de grâce. La salus animarum prévoit que des frères séparés puissent être admis à la communion eucharistique, même s’ils ne se trouvent pas en pleine communion ecclésiale avec l’Eglise catholique. Il y a en effet des circonstances, des cas, des situations, des lieux dans lesquels un frère séparé ne sera pas privé de la grâce sacramentelle, pourvu que la c. i.s. ne soit pas utilisée sans discernement, comme moyen stratégique pour rétablir l’unité des chrétiens. “Gratia procuranda quandoque illam commendat" (UR n° 8). Du fait que la réception d’un sacrement - et par excellence l’eucharistie qui incorpore au Christ et, à travers Lui, à l’Eglise - opère un retour vers la communauté des croyants, dans laquelle le sacrement est reçu, cette communion ou unité ecclésiale ne peut être ignorée. C’est le retour en force du principe de la significatio unitatis. Les deux principes se trouvent, dès lors, dans une tension dialectique, du fait que l’application du principe de la gratia procuranda ne peut se faire au prix de l’obscurcissement du principe de la significatio unitatis. De manière générale, le principe de la significatio unitatis—traduit dans un langage eucharistique: le rapport étroit entre le mystère de l’Eglise et le mystère de l’eucharistie ne peut jamais être altéré - ne sera pas obscurci, si l’admission à la communion eucharistique est limitée. Il ne peut dès lors jamais s’agir d’une c. i.s. “ouverte”, généralisée, automatique ou systématique. Dans ce cas, la significatio unitatis Ecclesiae serait manifestement obscurcie ou sacrifiée. Il s’agirait d’un usage “indiscretim” (UR n° 8) de la c.i.s. C’est à ce niveau qu’intervient le degré d’ecclésialité et, par conséquent, le degré de communion ecclésiale avec l’Eglise catholique qu’entretiennent les Eglises/Communautés ecclésiales séparées (le subsistit in). Les critères proéminents du caractère ecclésial sont: la succession apostolique, le sacrement de l’ordre et la célébration valide de l’eucharistie, conservée dans sa substance propre et intégrale. La c.i.s. sera proportionnelle au degré de communion ecclésiale entre l’Eglise catholique et l’Eglise/Communauté ecclésiale à laquelle appartient le frère séparé qui demande un sacrement. Il s’agit de la c.i.s. “graduelle”, qui suivant les cas sera “conditionnée” ou “recommandée”. En cas de degré d’ecclésialité élevé, comme dans les Eglises orientales séparées - ce qui fait qu’il s’agit de véritables “Eglises particulières” se trouvant dans une communion très étroite avec l’Eglise catholique - le principe de la significatio unitatis risque d’être moins obscurci. Dans ce cas, une c.i.s. généreuse et souple envers les orientaux séparés sera non seulement possible, mais même recommandée (“non solum possibilis, sed etiam suadetur” UR n° 15). En cas de degré d’ecclésialité plus faible, comme dans les Communautés ecclésiales issues