Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
36 GEORGES RUYSSEN privée, la méditation biblique, la vie de famille chrétienne, le sens très vif de la justice et une charité à l’égard du prochain, le culte de la communauté, etc.).87 Il y a donc une certaine communion, bien qu’imparfaite, enracinée dans le baptême88 et exprimée dans la vie évangélique plongeant ses racines dans le Christ et l’Esprit Saint. Ceci constitue indéniablement des elementa Ecclesiae Christi (cf. LG nos 8 et 15; UR nos 3 et 22). Mais comparées aux Eglises orientales séparées, les Communautés ecclésiales séparées, issues de la Réforme89 se trouvent dans une communion beaucoup plus lâche avec l’Eglise catholique, du fait qu’elles présentent un degré d’ecclésialité beaucoup plus réduit, n’ayant pas les éléments ecclésiaux pour être qualifiées en tant qu’Eglises. Le Concile affirme très clairement les raisons doctrinales:90 Bien qu’elles91 n’aient pas avec nous la pleine unité dont le baptême est la source et bien que nous croyions qu’en raison surtout de l’absence du sacrement de l’ordre elles n’ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique, cependant les communautés ecclésiales séparées de nous... professent que la vie consiste dans la communion au Christ... Il faut donc que la doctrine sur la Cène du Seigneur, les autres sacrements, le culte et les ministères de l’Eglise, fasse l’objet du dialogue. (UR n°22)92 87 Concernant le culte, la Sainte Cène est explicitement mentionnée: “lorsque (les Communautés ecclésiales) célèbrent à la Sainte Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, elles professent que la vie consiste dans la communion au Christ” (UR n° 22). Il est, en outre, rappelé dans la partie générale du Décret sur l’oecuménisme que “chez nos frères séparés s’accomplissent beaucoup d’actions sacrées... qui de manière différente, selon la situation diverse de chaque Eglise ou communauté, peuvent certainement produire effectivement la vie de la grâce et l’on doit reconnaître qu’elles donnent accès à la communion du salut”. (UR n° 3) 88 Le baptême en soi n’est que le commencement et le point de départ de la communion. “Il est donc destiné à la totale profession de foi, à la totale intégration dans l’économie du salut, telle que le Christ l’a voulue, et enfin à la totale insertion dans la communauté eucharistique.” (UR nu 22) Repris par la Déclaration Dominus lesus: “Le baptême, en effet, tend en soi à l’acquisition de la plénitude de la vie du Christ, par la totale profession de foi, l’eucharistie et la pleine communion dans l’Eglise.” (Dominus lesus n° 17) 89 “Il faut reconnaître qu’entre ces Eglises et Communautés et l’Eglise catholique il y a des différences considérables, non seulement de caractère historique, sociologique, psychologique et culturel, mais surtout dans l’interprétation de la vérité révélée.” (UR n° 19) Le Décret à ce stade ne parlera plus que des Communautés ecclésiales séparées. 90 “Certes nous savons qu’elles ne sont pas légères les différences qui existent par rapport à la doctrine de l’Eglise catholique, même au sujet du Christ, Verbe incarné, et de l’œuvre rédemptrice, et par suite au sujet du mystère et du ministère de l’Eglise, ainsi que du rôle de Marie dans l’œuvre du salut.” (UR n° 20) 91 Le passage se réfère d’ailleurs clairement aux Communautés ecclésiales et non aux Eglises séparées en Occident. 92 Repris aussi dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 1400.