Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 37 Bien que les Communautés ecclésiales issues de la Réforme se trouvent dans une communion réelle (baptismale),93 bien qu’imparfaite, cette communion souffre de graves lacunes sur le plan des éléments ecclésiaux: absence d’eucharistie authentique (comme expression de l’unité de l’Eglise), absence du sacrement de l’ordre ( sacramentum ordinis defectum) et le fait de se trouver en dehors de la succession apostolique. La Lettre Communionis Notio taxe ces lacunes de “blessure plus profonde” encore: La blessure est plus profonde encore dans les communautés ecclésiales qui n’ont pas maintenu la succession apostolique, ni conservé l’eucharistie valide. (Communionis Notio n° 17)94 La Déclaration Dominus Iesus refuse, à son tour, clairement le label “Eglise” aux Communautés ecclésiales: En revanche, les Communautés ecclésiales qui n’ont pas conservé l’épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique ne sont pas des Eglises au sens propre; toutefois les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion bien qu’imparfaite avec l’Eglise. (Dominus Iesus n° 17) En raison de la faible ecclésialité des Communautés ecclésiales issues de la Réforme, celles-ci se trouvent, contrairement aux Eglises orientales séparées, dans une communion plus lâche avec l’Eglise catholique. Dès lors, la c. i.s. en faveur des membres de ces Communautés sera plus réservée, limitée, conditionnée. Il ne s’agira pas d’une communion de type “ouvert” ou “recommandé”, mais celle-ci n’en sera pas pour autant complètement “fermée”. On tient, en effet, compte de la communion réelle, bien qu’imparfaite, basée sur le baptême des personnes régénérées en Christ. Par conséquent l’admission à la c.i.s. sera plus basée sur la situation et les besoins des personnes individuelles que sur leur appartenance à telle ou telle Communauté ecclésiale. Avant de passer à une esquisse de l’approche conciliaire quant à la c. i.s., résumons les incidences du “subsistit in” (LG n° 8) sur la discipline catholique en ma93 Le Concile reconnaît par ailleurs que les “Eglises et Communautés ecclésiales... demeurent unies à l’Eglise catholique parimé affinité particulière etpar des relations dues à la longue durée de vie du peuple chrétien dans la communion ecclésiastique au cours des siècles passés”. (UR n° 19) Les Communautés réformées ne doivent, dès lors, pas être considérées comme se trouvant hors de l’Eglise du Christ. Elles sont des réalisations authentiques bien qu’imparfaites des elementa Ecclesiae Christi en fonction de l’étendue de ces éléments présents en leur sein. dePaolis, “Chiesa di Cristo” (nt. 73), 27: “Le altre comunità... tuttavia in quanto esistono degli elementi di salvezza, provenienti dalla Chiesa di Cristo, hanno una pre- senza della stessa Chiesa e quindi in qualche modo le appartengono ed hanno un certo grado di ecclesialità.” 94“D’autre part, ce fait comporte, aussi pour l’Eglise catholique..., une blessure en tant qu’obstacle pour la pleine réalisation de son universalité dans l’histoire”. (Communionis Notio n°17)