Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
30 GEORGES RUYSSEN Cela est le fruit de l’élargissement de la vision ecclésiologique,69 opéré par les Pères de Vatican II, utilisant le fameux “subsistit in” dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium n° 8: Cette Eglise (l’unique Eglise du Christ) comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Eglise catholique qu’elle se trouve, gouvernée par le successeur de Pierre et les Evêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité puissent se trouver hors de ses structures, éléments qui, appartenant proprement par don de Dieu à l’Eglise du Christ, appellent par eux-mêmes l’unité catholique.70 Cette formulation permet de tenir une double affirmation. D’un côté que, “malgré les divisions entre chrétiens, l’Eglise du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Eglise catholique” {Dominus Iesus n° 16) et que tous les éléments de sanctification se trouvent dans l’Eglise catholique et uniquement dans celle-ci. “C’est en effet, par la seule Eglise catholique du Christ, laquelle est le ’moyen général de salut’, que peut s’obtenir toute plénitude des moyens de salut.” (UR n° 3) L’Eglise catholique est la seule à posséder la plénitude de tous les éléments de l’Eglise du Christ.71 De l’autre côté, le passage de est/existit à subsistit in permet de dépasser l’identification stricte et exclusive entre l’Eglise du Christ et l’Eglise catholique et d’affirmer que “des éléments nombreux de sanctification et de vérité peuvent se trouver hors de ses structures” (LG n° 8). Au surplus, panni les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Eglise se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Eglise catholique: la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs 69 “Tout en reconnaissant l’importance du changement de terminologie du mot est en subsistit in... le Concile n’a pas voulu rompre avec la doctrine de l’Encyclique Mystici Corporis. Les Pères ont plutôt cherché un développement et un approfondissement de la pensée fondamentale de l’Encyclique. Cet approfondissement a été largement favorisé par les rapports fréquents avec les autres chrétiens et par l’esprit du mouvement œcuménique.” J. Willebrands, “ La signification” (nt. 62), 36. 70 Haec Ecclesia in hoc mundo, ut societas constituta et ordinata, subsistit in Ecclesia catholica, a successore Petri et Episcopis in eius comunione gubernata, licet extra eius compaginem elementa plura sanctificationis et veritatis inveniantur, quae ut dona Ecclesiae Christi propria ad unitatem catholicam impellunt. Ceci est repris parURn°4: “...in unius unicaeque Ecclesiae unitatem congregentur quam Christus ab initio Ecclesiae suae largitus est, quamque inamissibilem in Ecclesiae catholica subsistere credimus...” Cette formulation sera également reprise par les cc. 204/CIC §2 & 7/CCEO §2, ainsi que par le nouveau Directoire de 1993 (cf. LRUn" 17). 71 C’est dans l’Eglise catholique “que nous trouvons l’Eglise du Christ dans toute sa plénitude et toute sa force”. G. Philips, L'Eglise et son Mystère au IF Concile du Vatican. Histoire, texte et commentaire de la Constitution “Lumen Gentium ”, Vol. 1, Paris 1967, 119. UR n° 4 corrobore ceci en soulignant que l’unité de l’Eglise “subsiste de façon inamissible dans l’Eglise catholique”, dans le sens que cette unité est donnée pour toujours à l’Eglise catholique, qui pour cette raison ne peut la perdre.