Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
10 GEORGES RUYSSEN concept de c.i.s. dans un sens strictement eucharistique. A ce titre, la c.i.s. inclut: a) l’intercélébration eucharistique ou la célébration eucharistique en commun, lorsque sont impliqués au moins deux ministres appartenant à des Eglises/Com- munautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion entre elles8; b) l’intercommunion eucharistique entre chrétiens de différentes Eglises/Commu- nautés ecclésiales, qui suppose en principe un accord d’intercommunion réciproque entre les autorités de ces Eglises/Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion entre elles9 et c) la communion ouverte généralisée (l’hospitalité eucharistique) ou limitée (graduelle) en faveur ou entre chrétiens 8 II s’agit, par exemple, de la Déclaration de Meissen de 1988 entre l’Eglise d’Angleterre, l’Eglise Evangélique en Allemagne (Evangelische Kirche Deutschlands, EKD) et la Fédération des Eglises évangéliques de la République Démocratique Allemande, où se trouve la ville de Meissen. Cette Déclaration fut ensuite solennellement confirmée et proclamée le 29 janvier 1991 à Westminster Abbey à Londres. Pour le texte de la Déclaration de Meissen, voir Chiesa d ’ Inghilterra - Chiesa ev angelica luter an a in Germ ania - Federazione delle chiese EVANGELICHE NELLA Repubblica Democratica TEDESCA, Dichicircizione comune di Meisen, Verso l 'unilci visibile, Enchiridion Oecumenicum (=EO) vol. IV n°s 306-361. Malgré un engagement spectaculaire vers la pleine unité visible - comme en témoignait l’intitulé du document Meissen Common Statement: On the Way to Visible Unity - un désaccord demeurait concernant la succession épiscopale historique. S ’ il y a bien reconnaissance mutuelle des ministères, ce désaccord empêchait la pleine interchangeabilité des ministres entre les différentes Communautés. Meissen est un accord de partage eucharistique, visant cependant à aller au-delà d’une simple hospitalité eucharistique. Le but, c’est-à-dire la pleine interchangeabilité des ministres, est cependant bien atteint dans la Déclaration de Porvoo, élaborée en 1992 entre toutes les Eglises anglicanes et luthériennes de l’Europe du Nord. Pour le texte de l’Accord de Porvoo voir: Chiesa di Danimarca, Chiesa d’Inghilterra, Chiesa ev angelica luterana D’Estonia e altre, Verso una maggiore unità, Dichiarazione di Porvoo, EO vol. IV, nos 362—379. A ce stade, il apparaît que l’intercélébration est devenue une concélébration entre les ministres des douze Communautés formant une seule “communion”. D’ailleurs, les membres de ces Communautés peuvent recevoir la communion dans une de ces Communautés, non plus au simple titre d’ “hospitalité eucharistique” mais de plein droit. Il ne s’agit donc plus d’un simple arrangement sur l’intercommunion, mais d’un véritable accord de communion. 9 II y a intercommunion lorsque deux ou plusieurs Eglises ou Communautés ecclésiales admettent à leurs actes de ministère et de culte, y compris le culte eucharistique, des membres de l’autre confession et réciproquement. L’intercommunion intervient dans une situation, où entre les Eglises ou Communautés ecclésiales, il n’y a pas (encore) de pleine communion ecclésiale. C’est donc une situation exceptionnelle et transitoire, basée sur un accord entre les Eglises/Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion. Ce type d’intercommunion suppose donc la réciprocité entre les signataires de l’accord d’intercommunion. C’est bien souvent dans le monde réformé qu’on retrouve ce type d’accords ou de recommandations, dans lesquels les Communautés se reconnaissent suffisamment unies dans la foi, le baptême et l’organisation ecclésiale pour admettre de façon normale, réciproque et permanente leurs membres respectifs à leur communion eucharistique. Même s’il est vrai que cette pratique d’intercommunion n’est en principe admise ni par l’Eglise catholique ni par les Eglises orientales séparées, il faut tout de même remarquer les rares exemples d’accords d’intercommunion conclus par l’Eglise catholique. Ainsi un accord conclu avec l’Eglise syriaque orthodoxe le 23 juin 1984 (John Paul II - Moran Mar Ignatius Zakka I Iwas,