Folia Canonica 5. (2002)
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BOOK REVIEWS 315 vé mais, en contrepartie, l’Église et le culte catholique retrouvaient droit de cité sous la protection des lois de l’État et l’autorité du pape comme pasteur universel était reconnue de facto du fait de la démission de l’épiscopat et de la disparition de l’Église gallicane. Ce qui ne veut pas dire que les difficultés furent inexistantes. Le pape ayant refusé de donner l’investiture aux évêques nommés par Bonaparte, devenu empereur sous le nom de Napoléon, fut arrêté par ce dernier. Dix-sept diocèses se retrouvèrent rapidement sans évêque. Napoléon convoqua un concile national. Mais ses déboires militaires, puis sa chute, ouvrirent une phase nouvelle dans les relations entre la France et le Saint-Siège, avec la suspension provisoire du Concordat par Louis XVIII qui, le 25 août 1816, remet en vigueur le Concordat de 1516. Le dernier chapitre examine les «acquis et les limites de la réconciliation» (p. 111-121). L’auteur estime que le pape et les évêques de France ont été les premiers bénéficiaires du Concordat, bien que le pape ait renoncé spontanément à réclamer la dévolution des biens spoliés par la Révolution. En fait, d’une part, le pape a réaffirmé son pouvoir sur l’Église de France et, de l’autre, le schisme de l’Église constitutionnelle (celle issue de la Constitution civile du clergé de 1790) a pris fin. En outre, tous savent que l’Église de France existe grâce à l’engagement personnel du pape, qui apparaît alors comme son chef suprême et son protecteur. En même temps, les évêques deviennent les chefs absolus de leur diocèse, les anciens droits et privilèges des religieux, des chapitres de chanoines et de certaines familles ayant été supprimés. Les religieux sont d’ailleurs les grands absents du Concordat, et il faudra attendre la Restauration pour qu’ils soient de nouveau admis. Dans la préface, le professeur Gérard Cholvy retrace un rapide historique des concordats qui ont existé en France et note qu’en 1790, ce n’est plus le souverain qui est roi, mais c’est la nation qui est son successeur. La mise en place de l’Église constitutionnelle se trouva fragilisée par la laïcisation de l’état civil, par la chute du roi et la proclamation de la République et par la déchristianisation à partir de 1793-1794. Le clergé patriote se discréditera, tandis que la résistance à la déchristianisation donnera aux «confesseurs de la foi» une forte autorité morale. Désireux de redonner la paix religieuse au pays, le Premier Consul perçoit la résistance spirituelle de larges couches de la population et est convaincu que la religion catholique est la religion du pays. Les puissances catholiques avaient tout intérêt à ce que Paris et Rome s’entendent, comme nous l’avons souligné. Le Concordat apporte une solution, qui est importante du point de vue du Saint-Siège. En effet, alors que l’Espagne et le Portugal étaient sur le déclin, que l’Autriche, où le joséphisme avait devancé la Révolution française en matière de législation religieuse, n’offrait pas un appui sûr, la France restait de loin la première puissance catholique au monde. Cette réalité a donc pesé dans les négociations. Aux vainqueurs du Concordat que sont le pape et Bonaparte, le prof. Chol-