Folia Canonica 5. (2002)
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316 BOOK REVIEWS vy ajoute la Révolution, car l’État reste laïc, l’état civil est laïcisé, le divorce est maintenu, la liberté de conscience est acceptée par Rome et les cultes protestants vont être organisés (le culte israélite le sera à son tour en 1808), le monopole de droit de l’université impériale n’est pas entamé, les ordres religieux, masculins en particulier, sont tenus à l’écart. Le cardinal Bilié, président de la conférence des évêques de France, signe la postface, qu’il intitule «l’Église et l’État au service d’une culture du bien commun, de la solidarité et de la paix» (p. 127-141). Le pouvoir politique a le devoir d’instaurer une ordre politico-juridique dans lequel et grâce auquel les droits fondamentaux de la personne sont protégés, ainsi que ses devoirs. Ceux-ci sont réduits par la culture dominante et il s’avère urgent de redécouvrir un certain nombre de valeurs fondamentales: justice, bonté, dévouement, respect, solidarité. L’autorité de l’État se distingue par son caractère éthique, grâce auquel il tend à l’accomplissement de la personne humaine et du bien commun de la société terrestre. L’Église et l’État sont donc tous deux au service de la personne humaine et de la société, mais dans l’autonomie réciproque et la coordination, qui peut prendre la forme d’un concordat. Le régime de séparation qui a été instauré en 1905 n’a pas été un obstacle à la reprise des relations avec le Saint-Siège en 1921. Et la «séparation neutre» peut convenir au pluralisme religieux, à la condition que la religion ne soit pas réduite à un sentiment religieux personnel, mais que sa dimension sociale soit reconnue. La laïcité «à la française» est mise à l’épreuve par des phénomènes «religieux» nouveaux, les sectes par exemple. L’État doit protéger le patrimoine culturel du pays, mais, serions-nous tentés d’ajouter, il doit veiller à ne pas empiéter sur le domaine de la conscience. Or, la récente loi sur les sectes est perçue par nombre d’instances religieuses de France comme particulièrement dangereuse, car le concept de «manipulation mentale» qu’elle manie est flou et permet toutes les «manipulations». Enfin le cardinal Bilié souligne que l’Église et l’État sont au service d’une culture de la vie, de la solidarité et de la paix. A cet égard, il convient de relever que l’Église joue actuellement un rôle de «conscience» de l’humanité, probablement plus que jamais, dans les trois domaines évoqués. En la matière, la conférence des évêques s’est fait le relais des interventions du magistère pontifical. En définitive, par ses différentes contributions, cet ouvrage est à la fois un témoin de l’FIistoire et une source de réflexion sur le rôle de l’État et de l’Église dans la recherche harmonieuse du bien commun, en dépit des aléas des différentes époques et en présence des défis que pose le troisième millénaire. Dominique LE TOURNEAU