Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
PASSUTH, KRISZTINA: M. H. Maxy, figure clé de la peinture roumaine du XXe siecle et l'avant-garde internationale
La naissance de l'avant-gardisme roumain - après des antécédents dadaïstes à l'étranger - eut donc lieu en Roumanie concrètement au moment de la fondation de Contimporanul sous la direction du poète Ion Vinea et ayant pour collaborateurs principaux Marcel Jancu, M.H. Maxy, Victor Brauner, Benjamin Fundoianu (Fondane) écrivain, Hans Mártis Teutsch, le sculpteur Milita Patrascu et bien d'autres. L'année 1922 marque dans l'histoire de l'art à Bucarest une césure bien plus nette que 1916 à Budapest, date de fondation de la revue Ma (Aujourd'hui). Contimporanul est - comme son sous-titre l'indique - une revue constructiviste ou du moins c'est ce qu'elle se fixe comme objectif. Il se crée ainsi une situation quelque peu paradoxale, où l'esprit du périodique constructiviste fraîchement lancé se trouve déterminé essentiellement par Jancu, l'ex-dadaïste. En ce qui concerne les mouvements internationaux, l'année 1922 est sans doute beaucoup plus favorable au constructivisme triomphant qu'au dada qui, peu à peu, commence à s'essouffler. Selon Andrei Pintilie, «les débuts de l'avant-garde plastique roumaine sont liées surtout à la réception des théories constructivistes..» 51 Le vocabulaire constructiviste commence à être utilisé en Roumanie par la revue Contimporanul en 1922. Ce que représentait en 1922-1923 la peinture du fondateur Jancu, c'était une espèce de «cubisme synthétique» décoratif et figuratif, très éloigné aussi bien de sa propre conception antérieure de l'abstraction géométrique que des idées des constructivistes russes. Avant 1924, ni Jancu, ni Corneliu Michäilescu (Bucarest 1887-Bucarest 1965), ni Victor Brauner (Pietra Neamt 1903Paris 1966), ni aucun autre artiste participant à la modernisation de la peinture roumaine n'a formulé ce qu'il entendait par cette tendance. Maxy ne l'a pas définie lui non plus et, jusqu'à l'été 1923, - tant qu'il travaillait à l'atelier de Segal - n'a pas fait clairement sienne la doctrine en question, 52 du moins l'interprétation initiale de celleci. Par contre, si l'on élargit la notion - prise dans son acception de constructivisme international - l'art de Segal y peut être également associé. 53 En réalité, la pénétration du constructivisme ne s'effectue pas lors du lancement de la revue Contimporanul en 1922, mais plutôt en 1923-1924, c'est-à-dire après le retour de Maxy. En 1923, celuici se met à collaborer activement à la revue, alors l'unique forum de l'avant-garde, dont il ne pourra cependant pas changer le profil qu'un peu tard. L'exposition individuelle de Maxy en octobre 1923 à la Maison d'Art de Bucarest succède à celle de Jancu, organisée l'année précédente, et témoigne d'une conception beaucoup plus hardie. On peut y voir les œuvres exécutées à Berlin, telles que Nature morte, La ville moderne (Berlin), Puits de pétrole et Construction cubiste. 54 Sans être réellement constructivistes, elles reflètent néanmoins une conception similaire, et leur esprit d'avant-garde ne fait pas de doute. Les tableaux étroitement inspirés de cette tendance sont généralement postérieurs à son retour au pays, ce qui atteste les effets conjugués très positifs des expériences recueillies en Allemagne et de l'atmosphère roumaine, au moins au cours des premiers deux à trois ans. 51 Ibid. Voir aussi : Râileanu, P. (ed.), L'avant-garde roumaine, in Le Rameau d'Or n° 2 (3) Bucarest 1995. 52 Pavel, lot: cit. (n.31) p. 148. 53 Cf. Davidescu, loc.cit. (n.22). 54 Oprea, op.cit. (n.4) s.p.