Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)
PIGLER, ANDRE: La mouche peinte: un talisman
par l'identité probable du lieu de son exécution. 11 Il est également frappant que ce dernier portrait porte la mouche assise sur le carteUino tout comme sur le tableau de Cima da Conegliano, peint dans la même année, où l'une des mouches est descendue juste sur le papier portant l'inscription. 12 Il ne manque pas d'intérêt de noter en rapport avec le portrait de Luca Pacioli et le tableau d'autel de Dürer que l'idée tentante des relations personnelles éventuelles entre le moine mathématicien et le peintre allemand a déjà plus d'une fois surgi. 13 En outre il ne peut être douteux que le portrait du «Maître de Francfort» et de sa femme (fig. 47) fut peint — directement ou plutôt indirectement — en rapport avec le portrait d'un membre féminin de la famille Hofer, exécuté une ou deux dizaines d'années plus tôt (fig. 42): la mouche assise sur l'un et l'autre tableau sur la coiffe blanche joue le même rôle exposé. Tel que la bouteille nageant sur les flots suit les courants de la mer, ce motif minuscule montre lui aussi la voie de certaines connexions artistiques. Il n'est pas exagéré de conclure de la place de la mouche, peinte sur le portrait de l'archiduc Sigismond (fig. 46), à certaines orientations italiennes du peintre de la cour d'Innsbruck: ce motif qui dans les siècles futurs arrachera un sourir des lèvres des spectateurs, ne put avoir sa place sur la poitrine du grand seigneur qu'en raison du fait que l'artiste savait d'une manière ou d'une autre, et put alléguer pour sa propre justification, que l'opinion publique italienne n'était pas choquée de voir une mouche peinte sur la poitrine du Sauveur (fig. 45). Au-delà de ces connexions historiques et en continuant à analyser la liste de ci-dessus, il nous est possible de faire deux constatations négatives et de former une conjecture. Tout d'abord nous sommes frappés de voir que les types de représentation comportant le motif de la mouche sont relativement nombreux. Des Vierges de Majesté, des demi-figures de la Vierge, l'Annonciation, le Vir dolorum alternent sur la liste avec des saintes et des portraits, donc des types iconographiques qui ne se rattachent pas l'un à l'autre et ne peuvent aucunement être réunis sous un même titre. Ainsi s'élimine l'hypothèse éventuelle que la mouche figurerait sur les tableaux en question en tant que symbole, 14 car il serait inconcevable que le même symbole ait eu la même signification dans chacun de ces types de représentation si nombreux et d'un caractère tellement divergeant. Il est certain que par exemple le papillon se posant près du carteUino, sur la Pietà du Santuario di Monte Berico de Vicenze, peinte en 1500 — une oeuvre-maîtresse de Bartolomeo Montagna — est dans cet entourage et en rapport avec ce sujet un symbole de la mort, 15 mais il serait erroné d'attribuer cette signification à la mouche visible sur la Sainte Catherine de Crivelli (fig. 39) et sur l'Annonciaton de Cima da Conegliano (fig. 48). Et si sur ces deux derniers tableaux la signification symbolique est exclue, la probabilité d'une telle intention sera, aussi dans le cas des autres représentations de mouches énumérées, réduite au minimum. Il convient de relever qu'aucun des tableaux compris dans la liste n'est une représentation de la mort. Sur la Pietà de Giovanni Santi (fig. 45) le Christ apparaît dans la beauté parfaite de la vie, assis par sa seule force, les yeux ouverts. Donc 11 Keller, II.: Die Kunstlandschaften Italiens. München, 1960. p. 155. 12 Lasar eff, Y. : loc. cit. p. 52. 13 Cf. Panofsky, E. : Dürers Kunsttheorie. Berlin, 1915. pp. 23, 44. Arnolds, G.: «Opus quinque dierum». Festschrift Friedrich Winkler. Berlin, 1959. p. 187. 14 Déjà M. Levey le mit en doute: National Gallery Catalogues, The German School. London, 1959. p. 106. 15 Reproduit dans P u p p i, L. : Bartolomeo Montagna. Venezia, 1962. fig. 100, 102.