Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)
PIGLER, ANDRE: La mouche peinte: un talisman
dans ces représentations la mouche est présente non en rapport avec le thème, non en cherchant la nourriture, et non comme le cortège de la pourriture et de la décomposition. Elle demande donc une explication toute autre que les mouches dont la présence sur quelques tableaux des XVI e et XVII e siècles est en effet motivée objectivement, car ces mouches adhérent à l'horreur de la destruction, à la tête de mort, au crâne posé ici ou là. 16 Malgré que la différence semble peu importante, ces deux groupes de présentations doivent être nettement séparés l'un de l'autre. Le papillon cité sur l'une des oeuvres de Bartolomeo Montagna, ou l'escargot dans le premier plan d'un des tableaux de Giovanni Bellini, de Carlo Crivelli ou de Francesco del Cossa, sont plutôt des traits capricieux que les marques d'une coutume enracinée. Pareillement, il serait pénible de chercher les autres consorts des araignées apparaissant, pour le moment sans explication satisfaisante, sur quelques tableaux néerlandais de sujet religieux. 17 A l'encontre de ces exemples, les mouches ont, entre les limites topographiques et chronologiques ci-dessus établies, presque acquis droit de cité dans la peinture. La présence de cet élément additionnel devenu familier pour la plupart sur des tableaux de sujet religieux, est d'autant plus curieuse que la mouche était pour l'homme du XV e et du XVI e siècle aussi odieux, un compagnon aussi maudit, duquel il voulait se débarrasser, que pour l'homme d'aujourd'hui, bien que son rôle dans la diffusion des épidémies n'ait pas encore été exactement connu. András Horváth, par exemple, le premier entomologue hongrois, qui, en utilisant les résultats de ses maîtres étrangers, Ulysse Aldrovandi et Johannes Sperling, et en les développant dans certaine mesure, écrit dans sa Disputatio Physica de Insectis, ls éditée en 1637 à Wittenberg, entre autres : « Est ergo musca insectum importunum, inquietum, protervum et obliviosum . . . Musca animal immundum est, stercore suo tabulata, picturas, vestes, libros, aliaque conspurcans. » Il ne manque pas d'intérêt de noter que parmi les « sinistrés » ce sont justement les tableaux que l'auteur cité met au premier plan. Et, en effet, les restaurateurs d'aujourd'hui en sont témoins, combien les tableaux anciens sont souillés de taches provenant de mouches, et quel travail patient demande souvent l'élimination de ces souillures. Dans le passé on s'était efforcé de lutter contre les mouches par des moyens et procédés magiques. Mizaldo, en se fondant sur des prescriptions antérieures, résume le mode de leur expulsion de la manière suivante: 19 «Cum volueris fugare muscas a quopiam loco, ut nulla ibi amplius videatur, fac imaginent muscae in lapide annuli, vel, ut habet codex meus, figura in lamina aeris, cupri, aut stanni muscam, araneam, et ser pente m secunda facie Piscium ascendente. Et inter formandum dicas : Haec est imago, quae omnes muscas exterminât in aeternum. Deinde sepelias earn in media 16 Quelques exemples de ce dernier cas (Joos van Cleve, Vecchietta, Guercino) sont cités par Panofsky, E.: Early Netherlandish Painting. Cambridge, Mass., 1953. I, pp. 488 s. — Cf. «Vanité», de Barthel Bruyn l'Aîné (1524), Otterlo, Rijksmuseum Kröller — Müller; repr. dans Sterling, Ch.: La Nature Morte de l'antiquité à nos jours. Nouv. éd. Paris, 1959. pl. 8. 17 Par exemple sur la copie de la Sainte Famille du «Maître de Flémalle», et sur le tableau perdu de Herman van der Mast, représentant le Christ portant sa croix. Cf. Bloch, V.: An Unknown Composition by the Master of Flémalle. The Burlington Magazine CV. 1963. p. 46. Mander, C. van: Het Leven der , . . Nederlandtsche .. . Schilders, (1617), ed. H. Floerke, München—Leipzig, 1906. I, p. 324. 18 Cf. S z é k e s s y, W. : «Disputatio Physica de Insectis» von Andreas Horváth. Annales Musei Nationaïis Hungarici, XXXIII, Pars zoologica. 1940. pp. 1 — 13. 19 M i z a 1 d u s, A. : Memorabilium, sive Arcanorum omnis generis, per aphorismos digestorum, centuriae IX. Coloniae, 1574. 67 v.