Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)
ENTZ, GÉZA: Un chantier du XIe siecle a Zala vár
entre les créations du chantier de Zalavár et l'orfèvrerie de l'époque de la conquête hongroise. Il est caractéristique combien la sculpture des X e et XI e siècles de la région vénitienne, et en général de la région de l'Adriatique, avait conservé en Hongrie sa sève vitale et qu'elle n'assuma pas le caractère linéaire, décoratif, un peu sec, des produits analogues contemporains dalmates. Dans les territoires croates ce style de la sculpture est plus byzantin qu'en Hongrie où il est plus italianisant. 52 Pour le prouver, nous citerons un exemple excellent, le fragment d'une plaque de pierre du XI e siècle provenant de Biskupija, qui est une version croate d'origine italienne de la sculpture à l'aigle de Zalavár. 53 Le protecteur et animateur principal de l'art roman, évoluant graduellement au XI e siècle, est bien entendu le pouvoir central. L'activité artistique en Hongrie qui imposait ces tendances, se cristallisa alors autour des constructions d'églises ou de cloîtres, fondés ou subventionnés par le roi. Par suite des destructions et transformations de grande envergure, ce sont surtout les monuments de la sculpture de pierre, peu nombreux, mais malgré cela importants, qui nous fournissent des renseignements sur l'état de cet art. Dans la sculpture en pierre des chantiers royaux du XI e siècle, on a jusqu'à présent distingué trois groupes nettement délimités. 54 Le premier groupe est caractérisé par des chapiteaux de colonnes et de piliers à acanthes, où entre le riche feuillage naissent d'un étui torsadé des faisceaux d'acanthe. Cette solution antiquisante peut être mise en parallèle avec la pratique lombarde de l'époque (Milan, Pavie). 55 C'est vraisemblablement sous la direction ou avec la participation de maîtres arrivés de cette contrée, que furent exécutées les sculptures en question des constructions royales d'Esztergom, de Bude et de Székesfehérvár. On peut prendre pour certain que ce chantier royal a subi aussi l'influence instigatrice des monuments romains de la Pannonié. 56 Le deuxième groupe puise l'inspiration dans les sources de l'Italie du Nord-Est, et sa révélation la plus caractéristique est la parure de marbre sculpté de l'intérieur de l'église des Bénédictins de Zalavár, de même que le sarcophage de Saint Etienne et le bas-relief de Somogytúr qui s'y rattachent. Le troisième groupe est constitué de sculptures à palmettes dont l'origine orientale et ses attaches avec l'art du métal hongrois de l'époque païenne indiquent que dans les châteaux royaux du XI e siècle avaient travaillé également des maîtres locaux connaissant les formes et les techniques orientales, ou des maîtres d'origine orientale. Nous avons vu que ce phénomène peut être mis en rapport avec l'ornementation plastique de l'église des Bénédictins de Zalavár également. Trois fragments, très proches l'un de l'autre, des sculptures à palmettes sont conservés au Musée des Beaux-Arts de Budapest. A côté de la pierre de Szôd, déjà publiée, 57 les deux autres pierres proviennent de la basilique de Veszprém (fig. 33) et de la ruine de Pilisszent52 Cf. S t r z y g o v s k i, J. : Die altslavische Kunst. Augsburg, 1929. fig. 123- 125, 151-152, 158, 171. 53 Petricioli, L: op. cit. pl. XXI, fig. 2. 51 A magyarországi művészet története (Histoire de l'art de Hongrie) I, 2 e éd. pp. 24 — 28. 55 D e r c s é n y i, D. : XI. századi királyi kőfaragóműhely Budán (Un chantier royal du XI e siècle à Bude). Budapest Régiségei XIII, 1943. pp. 257 — 293. 56 E n t z, G.: A gyulafehérvári székesegyház (La cathédrale de Gyulafehérvár). Budapest, 1958. p. 70. 57 E n t z, G. : Deux pierres sculptées à décor de palmettes de Szod. Bulletin du Musée Nat. Hongrois des Beaux-Arts 15, 1959. pp. 27 — 33.