Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 24. (Budapest,1964)
ENTZ, GÉZA: Un chantier du XIe siecle a Zala vár
32). 49 Le corps du bracelet subsistant en fragments, mais facile à reconstituer, est recouvert de cinq disques portant tous un animal avançant, ressemblant à un griffon. Leur attitude, leur conception stylisée, leurs pieds à trois ongles, leur queue se teiminant par une palmette et se dressant entre les pieds de derrière, évoquent en premier lieu le bas relief de Somogytúr, mais aussi les sculptures de même sujet de Zalavár. Le système des cercles et des ornements entre ceux-ci est tout proche de celui des rubans en cercles réunis par des noeuds, de Zalavár. Le bracelet de Szarvas se rattache étroitement à l'art des sabre-taches et il n'est pas le seul représentant de son genre spécifique. A Bashalom-Fenyvesdomb, dans le comitat de Szabolcs, un exemple très ressemblant fut mis au jour dans le cimetière de l'époque de la conquête hongroise. 50 Les principes de composition des chantiers de Zalavár, ses solutions de forme décèlent donc un rapport étroit avec l'art hongrois de l'époque païenne. Grâce à l'orfèvrerie des steppes fécondée par l'influence irano-byzantine, une tradition artistique vécut aux X e et XI e siècles en Hongrie, qui permit d'adopter l'art de la région vénitienne abondamment pénétré d'éléments en partie paléochrétiens, et en joartie de ceux du Proche Orient, remontant également à Byzance. On peut tenir pour certain que les maîtres des sculptures de Zalavár étaient rattachés, malgré les différences mentionnées, à la sculpture d'architecture contemporaine de l'Italie du Nord-Est, plus exactement de la région de l'Adriatique, et à l'intérieur de celle-ci aux sculptures de marbre datées des années 1020, du parvis de l'église abbatiale de Pomposa, réconciliée en 1026, et de celles de la cathédrale d'Aquileia, réconciliée en 1031. 51 L'année de la consécration de l'abbaye des Bénédictins de Zalavár est 1019. Son église fut donc terminée après cette date, ce qui permet de supposer que la parure plastique du monastère royal situé dans le château-fort de jadis de Pribina, soit un produit des années 1030 ou 1040, et qu'elle ait été exécutée par un chantier de formation aquiléenne et vénitienne, mais conservant aussi les traditions du pays. C'est à ce chantier qu'il faut rattacher le maître du sarcophage de Saint Etienne, travaillant vers 1040, qui, en retaillant un sarcophage romain, créa une oeuvre marquante même à l'échelle européenne, et qui par ce fait est pour ainsi dire unique. Le chantier de Zalavár occupa aussi des tailleurs de pierre locaux. C'est de ce fait que témoigne d'une part le groupe de fragments qui en sont sortis, plus provinciaux et plus rudimentaires, et d'autre part le bas-relief de Somogytúr, de grande importance, qui fournit la preuve la plus convaincante des attaches aquiléennes directes. Et non en dernier lieu, c'est ce qu'indique la connexion évidente 49 Kovalovszki, J. : A szarvasi honfoglaláskori ezüst karperec (Le bracelet d'argent de l'époque de la conquête hongroise, de Szarvas). Folia Archaeologica XII, 1960. pp. 173 —182. L'auteur démontre aussi les rapports entre les animaux ressemblant à des griffons, visibles sur le bracelet de Szarvas, et la civilisation de Kettlach (pp. 174, 179). Le bracelet peut d'ailleurs être considéré, quant à sa distribution et ses représentations d'animaux, comme le modèle do la série de disques peints, portant des lions, de la chapelle royale d'Esztergom, ce qui rend encore plus manifeste les attaches entre cette excellente oeuvre d'art hongroise de l'époque romane et l'art du métal de l'époque de la conquête hongroise. Cf. E n t z, G. : Az esztergomi királyi kápolna oroszlános festménye (La peinture au Hon de la chapelle royale d'Esztergom). Esztergom Ëvlapjai I, 1960. pp. 5 — 9). 50 Kovalovszki, J. : op. cit. p. 178. 51 B o g y a y, en étudiant le fragment de table d'autel du Musée de Szombathely, a nié sa connexion avec le «provincialisme aquiléen» (Dunántúli Szemle VIII, 1941. pp. 90—91). Cette constatation cependant n'est, selon ce que nous venons de dire, pas acceptable. On peut toutefois admettre son opinion où il apprécie les sculptures de Székesfehérvár et de Zalavár comme des résultats spéciaux hongrois.