Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 21. (Budapest 1962)
PIGLER, ANDRÉ: Notices sur quelques portraits néerlandais
Nous venons de mentionner la paire de portraits, actuellement à un endroit inconnu, de Verspronck, un portraitiste illustre de Haarlem au XVII e siècle (fig. 50). En même temps que ces tableaux, exposés au Musée de Haarlem comme propriété de H. Teding van Berkhout, figurait au même musée un troisième tableau de Verspronck, comme dépôt du même propriétaire. 11 Ce portrait d'homme (fig. 51) est passé plus tard au Musée des Beaux-Arts de Budapest (n° d'inv. 3824). Sa date de 1641 est identique avec celle du portrait d'homme mentionné, et ses dimensions sont les mêmes que celles de l'autre tableau, c'est à dire de la paire de portraits. Mais ce qui est encore plus singulier, c'est l'identité des poses des deux hommes. Le profil droit de la demi-figure est le même, toutes deux silhouettes montrent les signes d'une obésité naissante, et les têtes sont tournées de la même façon vers le spectateur : le caractère provocant de leur attitude est intensifié par la main droite placée crânement sur la hanche et par le coude faisant angle pointu. La facture presque identique des habits noirs et des larges cols de dentelle rendent la ressemblance encore plus parfaite. On serait à première vue enclin de blâmer l'artiste et de lui reprocher d'avoir ajouté à l'occasion, dans un esprit trop mercantile, la tête du commettant juste arrivé à l'un des tableaux de demi-figure, exécuté d'avance en plusieurs exemplaires. Bien qu'une telle pratique n'ait été dans l'art du portrait du XVII e siècle pas sans avoir de précédents, nous pensons que la quasi-identité des deux tableaux de Verspronck peut être expliquée par une autre circonstance. Selon ce qui précède, la provenance des deux tableaux exécutés dans la même année est la même, ce qui indique que les personnes portraiturées étaient les membres de la même famille. Comme leur âge est d'autre part aussi le même (selon la légende du tableau, actuellement à un endroit inconnu, la joersonne représentée est âgé de 35 ans) à notre avis l'identité des deux portraits trouve son explication dans le fait que nous avons affaire aux portraits de deux frères nés dans la même année, probablement des jumeaux. Lorsque, neuf ans après l'exécution des portraits des frères, l'un des jumeaux s'est marié, ce fut le tour de peindre le portrait de l'épouse. Les trois tableaux ayant été, en 1905, vendus aux enchères, c'étaient bien entendu les portraits des époux et non la paire de portraits d'hommes qui sont restés ensemble, et le portrait de l'autre frère s'est définitivement détaché de son pendant. Il nous semble de discerner une certaine singularité aussi dans le tableau de grandes dimensions de Jacob Gerritsz. Cuyp (n° d'inv. 51.806) représentant cinq enfants en plain air (fig. 52). Deux petits garçons et deux fillettes vêtus de robes de couleurs vives jouent debout; il n'est pas indifférent qu'ils sont tous chaussés. Ils s'occupent (14 e éd., Paris, 1904. p. 372) : «L'un, celui du mari, est de 1634, deux ans après la Leçon d'anatomie ; l'autre, celui de la femme, de 1643, un an après la Ronde de nuit. Neuf années les séparent, et cependant ils ont l'air d'avoir été conçus à la même heure ... » .Si la deuxième date reposait elle aussi sur la vérité, nous serions en présence d'une analogie parfaite des phénomènes ci-dessus traités. Il en est cependant tout autrement. Fromentin était victime d'une erreur, aussi les chercheurs de l'oeuvre de Rembrandt ont-ils été sur ce point en général dans une extrême incertitude. J. Smith fut le premier à prétendre (n° 551) que sur le portrait de femme en question figurait la date de 1643 ; C. Vosmaer (1868, p. 465) le date: «vers 1643 ». Bien que H. Havard («Gazette des Beaux-Arts» 1879, p. 150) et Ë. Michel (1893, p. 148) aient expressément nié qu'il portait une date, C. Hofstede de Groot (n° 638), W. R. Valentier, A. Bredius, et autres parlent de la même signature et date qui sont visibles sur le pendant représentant le mari. Le fait est que le portrait de femme ne porte ni signature ni date, donc la différence de neuf ans, supposée par Fromentin, entre l'exécution des deux splendides portraits est dépourvue de tout fondement historique. 11 Notice des Tableaux . . . Haarlem, 1904. n° 210.