Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 9. (Budapest, 1956)
OELMACHER, ANNE: La peinture hongroise actuelle (1945—1955). Exposition de la Galeire des Tableaux Hongrois
LA PEINTURE HONGROISE ACTUELLE (1945—1955) Exposition de la Galerie des Tableaux Hongrois Après la libération la République de Démocratie Populaire Hongroise s'est efforcée dès le début — aussi consciemment que Rome et les papes Renaissance, ou la bourgeoisie —- de mettre l'art au service de sa puissance populaire. Or, une période de dix ans ne compte pas beaucoup et ni l'histoire ni les arts ne peuvent être mesurées par des décades. Par conséquent l'examen de la réussite de la nouvelle tendance n'est pas simple. La compréhension de la nouvelle peinture hongroise serait le plus aisé si on l'examinait dans sa continuité et non en considérant les résultats des dix dernières années comme une unité indépendante, quel que soit la différence fondamentale entre cette période historique et toutes celles qui la précédèrent. Le tournant dont nous sommes témoins ne peut être comparé à rien d'autre. Non seulement qu'il le permet, mais il exige qu'on suive cette courte période dans son évolution. C'est ce principe qui s'est fait valoir en aménageant les nouvelles expositions du Musée, ouvertes au début de l'année, et c'est aussi la raison pour laquelle le visiteur est reçu par quelques oeuvres importantes de l'art d'entre les deux guerres : la «Moissonneuse» d'Aurélien Bernáth (fig. 41), «La reconstruction du Pont Marguerite» d'Etienne Csók, les «Transporteurs de sable» de Jules Derkovits et «Soir» et « Villageois » d'Etienne Szônyi. Bien entendu, ces tableaux ne sont pas les représentants exclusifs de la période d'avant la libération où plusieurs tendances et efforts de style vécurent côte à côte. L'art des peintres qui figurent à l'exposition en tant que prédécesseurs immédiats de notre nouvelle peinture, a ses racines dans les traditions ; ces peintres débutèrent comme les disciples des plus grands maîtres du XIX e siècle et représentaient une seule sorte de réalisme, ou bien, tel Derkovits, le réalisme socialiste. C'est dans ces temps là que travaillait un petit groupe, association volontaire de peintres, qui, réunis par une vision du monde homogène se sont chargés du service du progrès social et des idées socialistes, et bien qu'ils aient suivi les traces de Derkovits, ils se sont engagés dans le chemin des tendances extrêmes de l'Ecole de Paris. Ce groupe représentait les tendances abstraite et surréaliste, prétendant que « l'on ne peut verser du vin nouveau dans une vieille outre », c'est-à-dire, que les idées modernes demandaient des formes modernes. Or, dans la pratique il s'est révélé que pour diffuser les idées on avait besoin d'un langage, non de n'importe laquelle, mais d'une forme nouvelle, accessible à tous ceux auxquels ces idées étaient adressées. Le camp des porte-paroles des idées socialistes ne fut pas unanime quant à la question du langage des formes, aussi Jules Derkovits, servant d'exemple à ce groupe, montrait-t-il dans sa manière d'expression bien plus d'affinité avec ses collègues contemporains — Bernáth et Szônyi — dont l'art était à la base des tra-