Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 7. (Budapest, 1955)
GERSZI, THÉRESE: Un dessin inconnu de Hans Leu le jeune au Musée des Beaux-Arts
(fig. 18). Cette oeuvre, ainsi que 1',,Orphée et les animaux' ' et le ,, Saint Barthélémy' ' exécutés tous les trois à la fin de la deuxième décade du XVI e siècle, marquent l'apogée de l'art du maître. L'incertitude de la représentation de l'espace, perceptible dans le dessin de Rotterdam, exécuté quelques années avant ceux-ci, se présente dans ces dessins dans une mesure bien plus restreinte. Ils sont de nature bien plus libres, plus indépendants et plus pittoresques que le dessin de Budapest ou les oeuvres antérieures à celle-ci, rattachées encore par maints liens à Dürer, Baldung et à l'École Danubienne. La figure de Saint Jérôme se trouvant sur le verso de l'étude d'arbre de Leu, dessin conservé à Nuremberg (fig. 22), est la seule représentation jusqu'ici connue du savant saint dont la figure est évidemment copiée d'après la gravure de Dürer (fig. 23), exécutée en 1512. 6 Malgré le fort mauvais état de conservation du dessin, on peut constater que nous ne sommes pas en présence d'une copie fidèle, la figure étant un peu transformée par Leu, et particulièrement la tête qui est plus marquée; dans l'attitude de la tête et du corps, elle présente un type apparenté au Jérôme du dessin de Budapest. En dehors de la figure humaine, l'emploi libre et indépendant des motifs düreriens est indiqué par la solution du paysage rocheux. Le fait que Leu, dans la représentation d'un tel sujet traditionnel, mais inusité chez ce maître, ait puisé de l'inspiration dans les oeuvres d'autres maîtres, est d'autant plus probable que le motif du paysage rocheux est assez rare dans son oeuvre. Les énormes blocs de rochers crevassés de la gravure sur bois de 1512, ainsi que la vue s'ouvrant entre ceux-ci sur le paysage de l'arrière plan, ou bien l'arrière plan aux rochers abrupts et lisses, avec sur son sommet des plantes et la petite chapelle cachée sous les arbres, de la gravure sur cuivre de 1495, représentant également Saint Jérôme, ont pu servir à Leu de source d'inspiration tant pour le sujet que pour sa solution. 7 Pareillement, Leu a dû bien connaître la gravure sur bois de Baldung — peintre dont il a souvent copié les oeuvres — représentant Saint Jérôme, sur laquelle au centre de l'image on voit le saint agenouillé entre deux rochers abrupts. 8 Or, tandis que dans les oeuvres de Dürer et de Baldung la figure de Jérôme est le centre de la représentation, tant par son contenu que par sa forme, Leu a accentué, ne fut-ce que par le format allongé de la composition, le paysage qui lui était plus important que les figures. Quant à l'époque de l'origine du dessin, c'est celui de Rotterdam qui marque la limite, postérieurement à laquelle la composition n'a pas pu être exécutée, vu l'imperfection de la représentation de l'espace. Le Saint Jérôme se trouvant sur le verso de l'étude d'arbre de Nuremberg, exécuté évidemment vers 1514, détermine la limite antérieure de l'époque de son exécution. Le fait qu'à côté des réminiscences de Dürer et de Baldung, l'influence de l'École Danubienne se fait encore fortement sentir dans ce dessin — influence qui dans les oeuvres postérieures s'exprime beaucoup moins — vient lui aussi à l'appui de cette supposition. THÉRÈSE GERSZI 'Bartsch 113. (Je tiens à remercier ici le Museé Germanique de Nuremberg pour la photographie qu'il a eu l'obligeance de nous envoyer.) 7 Bartsch 61. 8 G e i s b e r g, M.: Der deutsche Einblatt-Holzschnitt in der ersten Hälfte des XVI. Jahrhunderts. Munich, 1930. No 106.