Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 6. (Budapest, 1954)
KAPOSY, VÉRONIQUE: Contribution a l'iconographie des monuments de l'époque romane en Hongrie
pâle «s'appelle la Mort et il est accompagné de l'Enfer, et pouvoir lui a été donné sur les quatre parties de la terre ... ». 28 Les exégètes se sont appuyés sur ces paroles en identifiant à Satan le quatrième cavalier de l'Apocalypse, la Mort. Dans l'interprétation de Bède le Vénérable — interprétation adoptée aussi par d'autres — le cheval pâle de la Mort est le symbole de l'hérésie. 29 Donc, l'hérésie, le plus grand péché aux yeux de l'homme du Moyen Age, se recontre chez les exégètes eux aussi avec le symbole de la Mort et de Satan, et l'auteur du «Physiologus» indique lui aussi le centaure, symbole généralement connu de la Mort-Satan, comme symbole de l'hérésie. Sur le tympan d'Ujudvar on voit en face du centaure deux serpents entrelacés. 30 Dans la mythologie des anciens peuples de l'Orient le serpent jouait un grand rôle. 31 Nous connaissons leurs dieux-serpents et leurs diverses superstitions ayant trait au serpent. 32 Le serpent a été adoré, comme dieu de la sagesse et de la science et a été en même temps redouté car il était l'incarnation de la ruse et de la méchanceté. Il était le symbole du temps infini, car il se rajeunissait en muant. Le serpent mordant sa propre queue était représenté somme symbole de l'infini, c'est à dire du commencement et de l'éternité. La nature du serpent a aussi préoccupé l'homme du Moyen Age, auquel le «Physiologus» fit connaître leurs diverses qualités. 33 Recherchant la signification des représentations médiévales du serpent, c'est au serpent du Paradis qu'il faut penser en premier lieu, représentations, dès les temps paléochrétiens, du péché originel, de la tentation, ou de Satan lui-même. Aussi la Bible identifie-t-elle le serpent avec le Satan. 34 C'est également le serpent que l'imagination des hommes a aggrandi en la figure du dragon. La Bible — une des sources littéraires importantes des représentations médiévales — identifie elle aussi le dragon avec le serpent. 35 C'est ainsi que le serpent est devenu au cours du Moyen Age le symbole fréquent de Satan. Les représentations sur lesquelles le Christ foule de ses pieds le serpent, s'appuyent sur le texte du Livre des Psaumes. 36 Ce motif est fort fréquent dans les représentations médiévales, où le serpent est parfois remplacé par d'autres symboles de Satan, par exemple par le lion ou par le dragon. Sur une mosaïque de Rávenne, du V e siècle, les pieds du Christ foulent un lion et un serpent, 37 28 L'Apocalypse, 6. 8. 29 K o z á k y, I. : (op. cit. p. 152) le publie d'après M i g n e, J. P. : Patrologiae cursus completus. (XCIII. Venerabilis Bedae anglosaxonis presbyteri opera omnia. IV. Explanatio Apokalypsis. Paris, 1850, colonne 147). 30 Le couple de serpents d'Ujudvar est considéré aussi comme le symbole de la luxure. — Un haut-relief de la cathédrale de Bayeux (Calvados) rappelle les serpents enlacés d'Ujudvar, or là ce sont deux dragons à deux pattes et aux corps de serpents qui sont entrelacés. Leur queues se terminent par une tète de dragon, et ils mordent leur propre corps. (Bernheimer, R. : op. cit. fig. 25.) 31 D o n á t h, Gy. : A kígyó és babonás jelentősége a Szentírásban. (Le serpent et son importance superstitieuse dans l'Écriture Sainte). Budapest, 1942, p. 20. 32 Par exemple en Babylonie on a tiré des oracles du coeur du serpent. 33 Le «Physiologus» s'occupe de la nature et des qualités du serpent en quatre points. Cette description ne nous avance cependant guère dans la compréhension de la représentation de ci-dessus. (Lauchert, Fr. : op. cit. p. 15—16.) 34 Genèse, 3. 14.; L'Évangile selon Saint Jean, 8. 44.; L'Apocalypse, 12. 9. et 20. 2. 35 L'Apocalypse. 12. 9. et 20. 2. — Dans les écritures apocryphes, dans les ainsi dites acta de Thomas, il s'agit de deux serpents-monstres : de Satan et de son père, le serpent enlaçant la terre. (Bonnet, M.: Acta Philippi et Acta Thomae ... Lipsiae, 1903. p. 148—149.) 36 90. 13. 37 D o e r i n g, O. : op. cit. fig. 27.