Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 5. (Budapest, 1954)
BIRÓ, BÉLA: Une lettre inconnue de Charles Markó écrite en 1854 a Edmond Zichy
lithographies de sujet historique hongrois et fut édité de 1842 à 1844 en plusieurs parties par Adam Ehrenreich. Deux de ces feuilles portaient des scènes tirées de la vie de Saint Ladislas : «Le duel de Ladislas avec le chef cuman en 1089», et «Ladislas élu chef par les croisés en 1095». Il ressort de la lettre de Marko que malgré les promesses réitérées, le peintre n'a jamais obtenu cet ouvrage. Rien de plus caractéristique de son travail consciencieux qu'avant de commencer son tableau, il voulut connaître la légende de Saint Ladislas dans tous ses détails, c'est pourquoi il demanda dans sa lettre à Edmond Zichy de lui envoyer la légende elle-même. Son fils François (1832-—1874), mentionné dans la lettre, s'établit à Pest après avoir terminé ses études à Florence, et abandonnant le style de son père peignit des paysages et des tableaux de genre hongrois, dans une conception réaliste. Au temps de la lettre il habitait depuis un an à Pest où il s'était acquis un cercle étendu d'amis. Son père espérait donc à juste litre que son fils lui procurerait l'ouvrage en question. Quant à l'autre sujet de sa lettre, la commande de Demidoff — publiée ici pour la première fois — ses antécédents remontent à des temps plus reculés. Marko fit la connaissance d'Anatolij NIkolajevitsch Demidoff (1813—1876) en 1849 par l'intermédiaire de notabilités autrichiennes, et Demidoff qui vécut lui-aussi à Florence, acheta à l'artiste un paysage mythologique pour 300 Napoléon d'or. 2 Le prince russe richissime, amateur et mécène de la littérature et de l'art était à l'époque de la lettre, le chargé d'affaires du gouvernement russe tsariste près la cour princière de Florence. Sa femme Mathilde étant la fille du roi Jérôme Bonaparte, cette parenté fit mûrir en lui le projet d'ériger à l'Ile d'Elbe, lieu d'exil de l'empereur, un musée Napoléon. Il chargea Marko d'exécuter les décors peints du musée. L'artiste accepta avec un vif plaisir le projet grandiose et avec son exactitude habituelle, il désira de faire avant tout des études approfondies à Pile d'Elbe, à Porto Ferrajo, et dans la Villa San Martino, résidence de jadis de Napoléon, pour pouvoir faire les esquisses de ses tableaux d'après les données topographiques. L'Angleterre et la France ayant déclaré la guerre à la Russie, le projet d'ériger un Musée Napoléon fut remis, ainsi que l'excursion de Charles Marko à l'Ile d'Elbe. La situation fut encore aggravée par le fait que Demidoff, lorsque la guerre a éclaté, fit un don de 1,000.000 roubles d'argent au trésor de l'état russe, par quoi il attira sur lui la colère des cercles dirigeants français et piémontais. Marko a donc bien jugé que le projet de Demidoff, à un moment où le débarquement des Alliés en Crimée était imminente, ne serait «pas bien vu» à Elbe. En 1856 la paix de Paris mit fin à la guerre de Crimée, et Demidoff réalisa son plan dans les années suivantes, mais déjà sans la participation du vieux peintre. Sa vue affaiblie, sa force diminuant de jour en jour, Marko passa ses dernières années en travaillant tout doucement dans la Villa Appeggi, et il n'eut plus la force de continuer et de terminer le paysage grandiose «Saint Ladislas» commandé par Edmond Zichy. L'esquisse du tableau s'est perdue ; elle représentait probablement une scène de la vie de Saint Ladislas dans une ambiance paysanne. Des raisons pécuniaires ne l'ont pas non plus pressé à continuer le tableau, puisque le revenu annuel de l'artiste dépassait alors 3000 scudi. Ses fils avaient déjà quitté la maison paternelle et seules sa femme 2 S z a n a , T. : Markó Károly és a tájképfestészet. (Charles Marko et la peinture de paysage.) Budapest, 1899. — S z a n a, T. : 100 év a magyar művészet történetéből. (100 ans de l'histoire de l'art hongrois.) Budapest, 1901. pp. 42—212. Pallas Lexikon. T. V. p. 169.