A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)

Une lettre de Munkácsy 33 , datée du 17 juillet 1889 et adressée à Hasenauer, nous apprend que l'artiste est con­tent que son projet ait rencontré l'approbation générale et que maintenant « il s'occupe continuellement de son travail ». Il a aussi trouvé un atelier adéquat pour l'im­mense toile ; étant donné que dans son hôtel particulier de l'Avenue de Villiers il n'y avait pas assez de place, il a loué l'atelier de « Monsieur Dubufe » à Neuilly, 38, boulevard du château 34 (Fig. 37). Vu les dimensions du tableau et vu son caractère particulier, Munkácsy a, pour l'exécution, fait appel à son élève, le jeune László Pataky, et au peintre architectural français, Cugnier. Tout ceci explique la demande d'avance formulée par Munkácsy ; d'ailleurs, plus de la moitié du travail était accompli. Quant à sa deuxième demande d'acompte datée du 14 août, pour la moitié des 50 mille gulden (total de la som­me due), le peintre avait oublié de la signer, si bien qu'il fallut la lui retourner à Paris, pour qu'il y appose sa signa­ture. Ceci donna l'occasion à certains fonctionnaires du ministère de l'Intérieur — pas toujours de bonne foi, semble-t-il — d'oser une remarque qui fait sourire : « lors­que le carton sera terminé, écrit-on au ministère des Af : faires étrangères, l'artiste pourra, selon le contrat, pré­tendre à un tiers de ses honoraires ». Ce n'est pas un carton que Munkácsy vient d'achever, mais une esquisse en couleur, laquelle se trouve à ce moment-là à l'exposi­tion mondiale de Paris, et qui peut avoir la même valeur qu'un carton. Ainsi, rien n'empêche que les 17 mille gulden soient payés. Pourtant le ministère de l'Intérieur trouve qu'il serait souhaitable, qu'avant de payer la som­me, l'ambassadeur d'Autriche—Hongrie se convainque discrètement et avec beaucoup de tact, que les condi­tions mentionnées plus haut ont été respectées, à savoir : l'esquisse en couleur a-t-elle la même valeur qu'un carton? Un mois après, le 25 septembre, nous trouvons Mun­kácsy fatigué, malade au Mal ou, où il est venu de nouveau chercher le repos et la guérison. 35 Bien que dans ses let­tres il annonce qu'à Paris le travail avance vite — de toute évidence ce sont ses « aides » qui travaillent pendant ce temps-là — leur ton mélancolique est dû à ce qu'il re­grette de ne pas voir le tableau, de n'être pas à Paris et de ne pouvoir travailler ... Le 29 septembre au matin, Munkácsy arrive à Paris — rien qu'un trait qui met en lumière l'inquiétude intérieure qui dévore l'artiste, lequel vit uniquement pour les exigences de la grande œuvre — il doit d'abord se rendre au vernissage d'une exposition, il n'y reste pas longtemps, il se dépêche d'aller à l'atelier, là il ne trouve personne, le tableau ne le satisfait pas, il prend la palette et travaille jusqu'au soir. Le 14 mars 1890, le Hofbaukomitee, à sa 217 e ré­union, s'occupe de la nouvelle demande d'acompte for­mulée par Munkácsy, puisque le tableau est terminé, et aussi de la permission qu'il sollicite de pouvoir expo­ser le tableau à Paris, au Salon. 36 Avant de payer de nou­velles sommes, le Hofbaukomitee désire que l'ambassade de Paris constate que le tableau est bien terminé et s'as­sure de la sauvegarde du droit de propriété. Il pensait d'abord à faire apposer une marque en règle sur le ta­bleau, mais à la fin il se contenta de la communication écrite de Paris au président de l'Association des artistes, annonçant que le droit de propriété appartenait à la Cour de Vienne ; en ce qui concerne la permission d'exposer le tableau, il la fait dépendre de ce que l'artiste assure le tableau et donne une « déclaration dans laquelle il en­gage sa responsabilité jusqu'à ce que le tableau soit en­voyé au musée et mis en place ». Cette déclaration noti­fie que le 1 er juillet sera la date limite pour l'envoi du ta­bleau . L'ambassadeur d'Autriche—Hongrie, le comte Hoyos, dans une note détaillée du 12 mai 1890, confirme que le tableau de plafond est « complètement terminé » et annonce que ledit tableau est exposé au Salon depuis le 1 er mai ; en outre il envoie la déclaration de Munkácsy engageant sa responsabilité ainsi que la police d'assurance contenant ces mots : « Un tableau représentant un pla­fond «Histoire d'art» en cours d'exécution », ceci suffit amplement à dissiper toute appréhension. 37 L'ambassadeur y joint aussi une demande de Mun­kácsy qui aimerait qu'après la fermeture du Salon de Paris, il lui fût permis d'envoyer son tableau à l'exposi­tion internationale de Munich pour les mois de juillet et d'août. Munkácsy motive sa demande en disant que de toute façon, le tableau ne pourra pas être mis en place à Vienne avant le mois de septembre, étant donné que l'entrepreneur qui s'est chargé de tendre et de coller le tableau, est occupé par d'autres travaux. Une requête est adressée au chef du protocole par le prince régnant Luitpold von Bayern, mais elle est refusée en haut lieu, et il n'en est plus question. Il va de soi que l'empereur voulait savoir le tableau de plafond à Vienne. Le Natur­historisches Museum avait ouvert ses portes une année auparavant (le 10 août 1889) et au Kunsthistorisches Museum les travaux touchaient à leur fin. Inopinément l'ambassadeur d'Autriche—Hongrie à Paris porta à la con­naissance de son ministère que Munkácsy, après la clôtu­re du Salon, enverrait immédiatement son tableau à Vienne. Cependant l'envoi tarda quelque peu. La firme Schenker et Cie annonça dans une communication du 1 er août que le tableau était parti de Paris le 26 juillet et qu'il arriverait bientôt à Vienne. 38 A la réception de cette nouvelle, le ministère de l'Intérieur entra en con­tact avec la firme pour lui demander qu'elle l'informe de l'arrivée de « l'envoi et, vu ses énormes dimensions, qu'el­le le livre très tôt (à six heures du matin) au Musée, à la Direction des Bâtiments » . Six semaines plus tard, le maître suivait son œuvre. Il arriva à Vienne de bonne heure — c'est ce qu'il écrit à sa femme le 16 septembre — et se rendit tout de suite au

Next

/
Oldalképek
Tartalom