A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)
style de Stoss). Par ailleurs le paysage de cette feuille de canon est l'équivalent le plus proche du paysage du Maître MS et du Maître MZ. Quant au coloris, ces paysages les plus anciens et les plus importants exécutés dans la manière de Dürer, se distinguent par leurs tons particuliers, vigoureux et clairs. C'est une caractéristique qui, visiblement, ne relève pas de l'art de Dürer. Autant que nous pouvons en juger, le premier exemple parmi les monuments qui nous sont parvenus en Europe centrale nous fut donné par les tons du retable de la Vierge à Cracovie, surtout par la tonalité de la verdure du fond. Ce coloris transparent et clair qui caractérise aussi le Maître MS et le Maître du Manuscrit de Behem, Winkler l'honore des épithètes suivants : « feurige Kraft » et « intensive Glühen. » Puis, ü continue comme suit : « Für seine Farbengebung gebricht es mü an Vergleichsstücken, sie ist schlechthin einzigartig » {Winkler, op. cit. 1941, p. 21). Winkler a insisté encore avec raison sur le caractère particulier de ce coloris quand il démontrait son influence sur Hans von Kulmbach. (F. Winkler : Hans von Kulmbach, Leben und Werk eines fränkischen Künstlers der Dürerzeit. Kulmbach, 1959). Dans le dessin des mains le Maître MS, pareillement au Maître MZ, utüisait des modèles étrangers. Ces modèles, ils les trouvaient pour la plupart dans l'œuvre de Dürer. La main droite de la femme dans la gravure L. 1 du Maître MZ, chez le Maître MS, la main gauche (représentée en image réfléchie) du soldat saisissant la croix dans le Portement de croix, la main gauche de Marie en pleurs dans le Calvaire, chez le miniaturiste du Manuscrit de Behem la main droite de la figure sur le côté gauche dans les Faiseurs de papier sont toutes les reproductions d'une même main ! Un autre exemple : le bras droit de la femme dans la gravure sur cuivre B. 76 de Dürer servit de modèle au Maître MZ (L. 20, bras droite de la femme), au Maître MS (la main droite de saint Elisabeth de la Visitation) et aussi au miniaturiste du Manuscrit de Behem (la main gauche en image réfléchie de la fileuse dans l'Échoppe de savetier). Les mains noueuses sans dessin précis dans les gravures de Maître MZ, dans les panneaux du Maître MS et les miniatures du Maître du Manuscrit de Behem sont liées les unes aux autres par une analogie caractéristique. La tête du cheval bai visible au fond du panneau de Lille est analogue à celle du cheval du Sellier dans le Manuscrit de Behem ; la tête de l'autre cheval, cheval blanc, ressemble beaucoup à celle du cheval dans la miniature des Forgerons. Le premier cheval réapparaît en image réfléchie dans la gravure L. 4 du Maître MZ, l'autre a des jambes anormalement longues pareillement aux chevaux que nous voyons au fond de la gravure L. 9. Lehrs : op. cit. t. VIII. 19-2. N° 34. On peut le ramener à une composition disparue du Hausbuchmeister. Cette feuille de Schongauer fait une avec la composition B. 69, Le Christ de douleur avec la Vierge et saint Jeanl'Évangéliste que j'ai déjà mentionnée au début de mon étude. Elle peut être considérée comme une préfiguration lointaine de caractère religieux et méditatif, de la miniature Étuvistes du Manuscrit de Behem. Vers 1496. Cette toiture aux pannes fut empruntée par le Maître du Manuscrit de Behem et utilisée, après quelques modifications peu importantes, dans la scène de la Construction d'église du Manuscrit Ciolek. Quant à la partie supérieure du corps du patron debout au milieu de la composition ainsi que la personne qui l'accompagne, elles ont été inspirées par le Bal du Maître MZ. (Voir Winkler : op. cit. 1941. p. 32). Remarquons pourtant que le bras droit et la main du patron dans la miniature reproduisent le bras droit du Christ que nous connaissons par la gravure L. 2 de Veit Stoss (Le Christ et la femme adultère). Il existe d'autres rapports pareils aussi entre le Manuscrit de Behem et les motifs employés par Stoss : le patron tournant le dos dans les Couteliers et armuriers fut dessiné d'après deux modèles : l'un est le soldat qui dans la scène du Calvaire du rétable de Cracovie désigne du doigt le Christ (il est conçu dans la manière de Schongauer) ; l'autre est le fossoyeur dans la gravure L. 1 de Stoss. La tête du jeune homme assis sur le côté gauche dans cette même miniature fut dessinée également d'après une figure de Stoss : le bourreau de la gravure L. 7. 81 Le problème est de savoir si ces détaüs que nous avons relevés dans le Manuscrit Behem et dans le Manuscrit Ciolek sont des emprunts faits aux gravures du Maître MZ ou bien les créations du même artiste qui se répétait. Cette dernière hypothèse nous paraît plus défendable. Le Maître MZ reprenait et variait souvent ses figures dans les gravures aussi bien que dans les dessins comme cela est prouvé par trois de ces derniers. S'il peignait des miniatures, n'aurait-il pas pu faire de même ? Dans la scène déjà mentionnée de la Construction d'église du Manuscrit Ciolek, le jeune page du groupe de gauche tenant une épée à la main, a été peint d'après le modèle du jeune chevalier coiffé d'un bonnet que l'on voit au milieu d'une gravure d'Israhel van Meckenem, La Mort de Lucrèce (L. 516) ; par contre, le jeune homme au chapeau qui se trouve devant lui est une figure dont le type nous a été rendu famüier par Marcantonio et que nous retrouvons aussi dans le Bal du Maître MZ et sur une page du Manuscrit de Behem, le Commerçant, où il apparaît comme convoyeur. La figure au turban derrière lui, à droite, réapparaît, quelque peu retouchée, aussi dans la miniature le Sellier et dans le groupe du Peintre et les seigneurs. Ne s'agùait-il pas de variantes réussies faites à l'aide du même patron ? Une autre analogie intéressante avec le Maître MS : dans la miniature Construction d'église le miniaturiste a modifié à dessein, certainement sous l'influence de Stoss, le bras droit du protecteur. Celui-ci tend la main droite au maître de pierre pour qu'il y applique un baiser, pendant qu'il plonge la main gauche dans son. sac pour en sortù de l'argent. Les gestes des deux figures esquissent la scène d'un baisemain. Le baisemain de la Visitation je ne le sens pas très étranger à ce dernier bien qu'il soit à peine ébauché. 82 Winkler (Op. cit. 1941, p. 83) n'admet pas que le miniaturiste du Manuscrit ait été aussi peintre. Bien au contraire ; il insiste sur les faits qui semblent contredire une pareille supposition. « Das Unvermögen des Malers, grössere Figuren oder Akte durchzuführen, ist bei dem Jüngling (à savoir : dans la miniature des Charrons) offenkundig. « Ces deux figures n'ont pas été dessinées directement d'après quelque modèle de nu ; c'est pourquoi, elles paraissent être assez maladroitement peintes. Par contre, Winkler a déjà observé (Winkler, op. cit. 1941, p. 81) que dans le Manuscrit la grandeur des figures dans les limites des miniatures n'avait pas cessé d'augmenter. Nous pouvons y ajouter que le caractère pictural des miniatures s'affirmait également ce que souligne Winkler aussi en parlant du Manuscrit Ciolek (op. cit. p. 55). Zofja Ameisenowa n'a pas suggéré, elle non plus, l'idée que le miniaturiste avait pu être peintre en même temps. (Kodeks Baltazára Behema, Varsovie, .1961.) Au cours de l'entretien que j'ai eu l'honneur d'avoir avec elle le 29 mars 1965 dans la Bibliothèque Jagellone, Zofja Ameisenowa a confirmé sa thèse publiée dans son livre et m'a déclaré qu'il fallait écarter l'hypothèse que le miniaturiste eût été peintre en même temps. Ses objections furent les suivantes : 1. A l'époque du miniaturiste du Manuscrit de Behem, les maîtres travaillant à Cracovie, n'avaient pas l'habitude de se mêler à un métier qui n'était pas le leur ; les exemples qu'elle connaissait de l'exercice de plusieurs métiers à la fois datent d'une époque postérieure. 2. Les scènes de la Passion du Maître MS (Musée Chrétien, Esztergom) ne lui paraissaient pas être sorties de la même main, à en juger d'après les reproductions. Pourtant, convaincue par mes preuves, elle penchait à admettre que ces œuvres avaient fait parties du même retable. 3. A son avis, le Maître MS n'a rien à voir avec le miniaturiste du Manuscrit Behem ; par conséquent, il lui semblait superflu de chercher des rapports directs entre eux. 4. Cependant, elle a reconnu que la Dépo-