A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)
niste qui, dans une gravure sur bois de Dürer, le Männerbad (Le bain d'homme, B. 128) se tourne vers le spectateur (Fig. 31). 80 Il le regarde sans le voir, tandis que son pendant dans le Manuscrit de Behem fixe le spectateur en louchant vers lui, donnant ainsi une sorte de caricature des figures au regard détourné de la scène. Il n'est pas sans intérêt de noter à quel point une figure du tableau de Lille, le vieillard coiffé de bonnet, portant barbe et accoudé sur la balustrade derrière le roi peint en autoportrait, ressemble à l'un des gibeciers que l'on voit sur une des pages du Manuscrit de Behem. Son attitude rappelle celle du prince du Bal (L. 17) une gravure du Maître MZ qui l'avait précédé et aussi une page du Manuscrit Ciolek, Construction d'église, œuvre de ce même Maître du Manuscrit Behem. 81 En tout cas, cette figure au regard détaché de la scène dont elle fait pourtant partie et dont la représentation suppose la pratique du pinceau, a apparu antérieurement dans l'œuvre du miniaturiste. La dernière miniature du Manuscrit Behem précédant en date le tableau de Lille a plusieurs caractéristiques qui l'apparentent au double autoportrait de cette composition. Nous avons donc plusieurs raisons de poser la question : le Maître du Manuscrit Behem ne fut-il pas en réalité aussi peintre de tableaux de chevet ? 82 Pour le moment, l'identification du Maître MS au Maître MZ n'est qu'une hypothèse qui doit être appuyée par une étude comparative et très détaillée de leurs œuvres. Le procès ouvert en 1907 par Herman Voss dans son étude Der Ursprung des Donaustils, et perdu en première instance, mérite d'être repris. Miklós Mojzer NOTES 1 M. Boskovits : On the Trail of and Old Hungarian Master. The New Hungarian Quarterly. III. 1962, n° 6, p. 97. M. Mojzer : Die Fahnen des Meisters MS. Acta Históriáé Artium. XIII. 1966, p. 112/47. 2 Nous ignorons encore quelle fonction précise le tableau conservé au Musée des Beaux-Arts de Lille devait avoir originellement. A en juger d'après ses dimensions (182x82 cm) et sa composition, il s'agirait du volet droit d'un retable, peut-être d'un triptyque. Il a dû être exécuté avant 1510, peu après le retable qui nous provient de Selmecbánya.- Voir Le Seizième Siècle Européen, Peintures et dessins dans les Collections Publiques Françaises. Paris, Petit Palais. 1965-66. Cat. n° 195. - D. Radocsay: L'art de Hongrie du X e au XX e siècle. Paris, Petit Palais, 1966. Cat. n° 61). 3 Zs. Urbach : Die Heimsuchung Maria, ein Tafelbild des Meisters MS. Acta Históriáé Artium. X. 1964, p. 84. - Mme László Gerevich - Gyöngyi Török: Régi művészet a Magyar Nemzeti Galériában. (Art ancien à la Galerie Nationale Hongroise.) Cat. de l'exposition qui eut lieu en 1974. 4 M. Mojzer : La datation de la Déposition de croix de Maître MS, dans le Bulletin du Musée des Beaux-Arts (A Szépművészeti Múzeum Közleményei), Budapest, n° 43. 1974, pp. 53-74. 5 /. Baum : Martin Schongauer. Vienne, 1948, p. 42. - E. Flechsig : Martin Schongauer. Strasbourg, 1951, p. 320. parmi les gravures de la dernière période de l'artiste. 6 Cf. P. Strieder : Albrecht Dürer 1471-1971. Cat. de l'exposition qui a eu lieu à Nuremberg. GNM. n° 459. - Dans la composition de sa gravure Vanitas (L. 20), Maître MZ s'est inspiré du nu de Dürer; de plus, il a pris pour modèle le bras droit du nu pour dessiner celui de la figure de Vanitas. Le pouce apparaît allongé dans la gravure derrière le cadran solaire de la même façon que le doigt d'Elisabeth à côté de la main de la Vierge. 7 Dans les œuvres citées par Zsuzsa Urbach (voir la note 3 - le Maître du Livre de prières de Marie de Bourgogne 1485-90 et la copie qui en fut faite en 1503-13; Bernard Strigel, vers 1510) Elisabeth baise la main droite de la Vierge; par contre, sous l'influence de Schongauer, elle baise sa main gauche dans la Visitation de Budapest. * Selon Baum (op. cit. 1948, pp. 35-36) et Flechsig (op. cit. 1951, pp. 201 et 317) cette feuille qui appartient au groupe des douze premières gravures du Maître a dû être exécutée en 1473 ou avant cette date. Il est bien probable que c'était elle qui a servi de modèle plus tard au Maître du retable de Stötteritz qui représente le saint avec les mêmes gestes à côté de la Vierge placée au milieu de son retable du Calvaire (vers 1480, Leipzig-Stötteritz. Voir Deutsche Kunst der Dürerzeit. Cat. de l'exposition, Dresde, 1971, n° 459). - Dans la scène du Calvaire de Hans Burgkmair (« Basilica S. Croce » , Augsbourg, 1504) saint Jean l'Évangéliste saisit par le même geste le coude de la Vierge pour la soutenir. (Voir T. Falk : Hans Burgkmair. Studien zum Leben und Werk des Augsburger Malers. Munich, 1968, p. 34). 9 T. Dobrowolski-J. E. Dutkiewicz : Wit Stwosz, oltarz krakowski. Varsovie, 1951. IV. Les deux femmes de la Décollation de saint Jean-Baptiste du Maître MZ (L. 5) correspondent aux deux figures de femme placées à gauche dans la scène du Calvaire du retable de Cracovie. 10 E. Panofsky : Albrecht Dürer. Princeton, 1948, IL n° 136 ; vers 1500-1501. - Les Vierges sages de Schongauer (B. 77, 78, 79, 80, 81) dont les gestes, les attitudes constituent par leur sens même une sorte de parallèle avec ceux de la Vierge en visite chez sa parente, furent des modèles importants pour Maître MS. ' 1 Le miniaturiste du Manuscrit Behem de Cracovie (d'après F. Winkler : Der Krakauer Behaim Codex. Berlin, 1941, p. 87, l'identité du peintre n'a pas pu encore être établie avec