Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)
turel des peuples qui avaient vécu dans cette région avant la conquête du pays, mais elles témoignaient tout particulièrement des aptitudes et des connaissances que les Hongrois se fixant dans le bassin carpatique avaient apportées de l'Est. Déjà au cours du passage progressif de la vie nomade à une société solidement organisée les croyances primitives perdaient beaucoup de leur force, de leur charme. Et quand le roi István I er a réussi, selon son programme, à fonder son Etat, l'influence de ces croyances sur l'orfèvrerie a aussitôt cessé, comme nous venons de le noter plus haut. Cependant, dans la nouvelle situation, rien n'est devenu superflu, inutile dont l'emploi se trouvait justifié par la pratique et dont on pouvait avoir besoin dans les organisations plus développées de la civilisation matérielle. La vie sédentaire a fait surgir de nombreux métiers nouveaux ou peu exercés auparavant, mais la plupart des traditions ont survécu s'adaptant aux conditions et aux tâches nouvelles. L'organisation sociale dont le roi István I er avait doté son pays s'est avérée viable et répondait aux exigences historiques de l'époque. Elle a dû cependant traverser plusieurs crises en raison de l'attachement du peuple à ses vieilles traditions ce qui a retardé un certain temps la consolidation du nouveau système social. Les sources écrites font état de la fondation par le grand roi, au début du XI e siècle, de dix évêchés, mais à leurs sièges il n'est resté que des débris de murs, des pierres taillées datant des XII e et XIII e siècles. Parmi ces monuments du passé mentionnons en premier lieu la Tête de roi découverte à Kalocsa et qui exprime bien une idée plastique conçue dans une matière dure, dans du marbre. Cette tête couronnée en marbre rouge trahit l'influence du style français, tandis que les fragments découverts à Pécs font plutôt penser à l'influence italienne, plus précisément, lombarde. En même temps, l'ornementation des piliers, des chapiteaux, des fragments de moulures et de porches provenant d'églises construites en pierre semble reprendre certains motifs caractéristiques des objets d'orfèvrerie de l'époque de la conquête du pays : elle reproduit en grand des compositions d'entrelacs et de palmettes portant la marque d'un style local. Il est vrai que l'orfèvrerie sassanide avait employé constamment, outre les motifs persans anciens, les éléments de l'ornementation gréco-romaine aussi. Aujourd'hui on peut suivre sans trop de difficulté le chemin de quelques-uns de ces motifs transmis, 500 ans plus tard, aux tailleurs de pierre de la région danubienne soit avec la civilisation des steppes, soit par l'intermédiaire de Byzance. Les spécialistes de l'histoire de l'art voient de plus en plus clairement que dans l'évolution de la culture les formules distillées ne prévalaient jamais, que la vie intellectuelle est perpétuellement en mouvement et que des influences réciproques s'y exercent constamment. Dans l'histoire de la civilisation hongroise les effets du mélange et de la synthèse de courants divers apparaissent peut-être plus accusés que chez d'autres peuples. La Hongrie était située au carrefour des grandes voies Est-Ouest et Nord-Sud d'échanges commerciaux et de courants d'idées ; sa situation favorable faisait d'elle un pays largement ouvert à toutes sortes d'informations venues du dehors. C'est aux XII e et XIII e siècles que l'art roman avait fleuri en Hongrie. L'établissement d'ordres religieux italiens ou français avait déterminé le style des constructions et le caractère de la décoration plastique des monastères et des églises. La postérité connaît l'art de cette époque très active dans plusieurs domaines grâce aux basiliques imposantes de Ják, Legény, Tűrje, Zsámbék, Ocsa, Bélapátfalva, Ákos, Gyulafehérvár (Alba Julia) et aussi par le grand nombre d'églises villageoises ainsi que les peintures murales et des objets de culte découverts en de nombreux endroits. La Hongrie, attirée dans l'orbite de l'empire romain germanique et dans celle de l'Empire byzantin avait su tout de même s'assimiler les impulsions reçues de l'étranger en dépit de l'expansion vigoureuse de ces cultures fortes et développées. En tout cas, l'architecture romane en Hongrie avait un caractère nettement local : la part du bon sens dans le choix des formes massives y est remarquable. Que l'on examine la production de l'art majeur ou celle de l'art décoratif, on trouve toujours délicatesse et valeur artistique en dépit du caractère simple et puritain de l'art de cette époque. On construisait alors des cathédrales ayant une structure massive et une ordonnance solennelle, on exécutait des vases en bronze modelés avec sobriété ce qui fait preuve d'une conception rationaliste, d'une manière de penser pratique. La Hongrie avait déjà subi de graves épreuves, souffert de guerres de succession au trône, de l'invasion du pays par les Tartares, pourtant ce n'était ni la pauvreté, ni la misère, mais le sens et le besoin de l'utile qui recommandaient la mesure à nos artistes. La préparation professionnelle de ceux-ci ne laissait pas à désirer puisque le bon sens et le sens des proportions ne réussissent pas à se manifester si la maîtrise de la technique fait défaut. L'action simultanée des influences diverses est prouvée par le fait qu'à l'époque de la construction d'églises de style roman pur le gothique aussi avait apparu en Hongrie. Les fouilles faites pour mettre à jour les vestiges du monastère de Pilis ont démontré récemment que les meilleures conquêtes du style ogival français contemporain avaient déjà été utilisées au premier cpiart du XIII e siècle dans les travaux ordonnés par le roi et qu'en même temps dans la plastique architecturale il s'était manifesté une tendance à travailler dans le genre antique. Les monuments les plus brillants du style roman en Hongrie, les basiliques de Ják et de Zsámbék portent déjà, toutes les deux, la marque de l'influence de l'architecture et de la sculpture gothiques aussi. Par contre, le plan du baptistère qui se dressait en face de la cathédrale et avait été construit à la même époque qu'elle, est en forme de croix grecque. De la