Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

nous. Si nous avions du temps, Jókai et moi, nous des­sinions et peignions dans notre chambre exiguë. Nous attachions une grande importance aux effets chimiques réciproques des couleurs. . . en cela, Jókai passait pour maître... quant au dessin, c'était toujours l'opinion de Petőfi qui l'emportait. » 18 En août 1842, Orlai et Petőfi sont partis en vacances. D'abord, ils sont allés voir Jókai à Komárom, puis, quel­ques jours après, ils sont arrivés de Pest à Dunavecse chez les parents de Petőfi. A la fin des vacances, ils se sont rendus à Mezöberény où ils ont été accueillis par les parents d'Orlai. Ils passaient les vacances libres de soucis et ils ont même eu l'idée de préparer une représentation théâtrale. Leur projet a échoué, mais ils ont joué tous les deux dans la pièce Peleskei nótárius (Le secrétaire de mairie de Peleske) présentée par une troupe de comédiens qui venait d'ar­river dans la ville. En plus, ils avaient l'intention de publier une anthologie des poèmes de Petőfi et des nouvelles d'Orlai. Ce projet n'a pas eu de suite 1 ". Quittant Mezöberény, ils se sont rendus à Debrecen d'où Petőfi partait pour Pápa, tandis qu'Orlai rentrait dans sa famille à Mezöberény. Quand notre peintre est retourné lui aussi à Pápa pour y reprendre ses études, il n'y trouvait plus Petőfi, car celui-ci, contraint par sa situation pécuniaire déplorable, s'était engagé dans une troupe de comédiens. Orlai a terminé ses études à Pápa en 1844. Le seul sou­venir que la collection du collège a conservé de lui, c'est un dessin au crayon de petit format, représentant un camarade d'école, Ferenc Baráth 2 ". Nous reparlerons de celui-ci ; maintenant, bornons-nous à noter qu'il a été un des fonda­teurs de la célèbre Société d'émulation. * En 1845, Orlai a fait son stage au Parquet du départe­ment de Békés. En 1846, il est venu à Pest et s'est fait clerc d'avoué. C'est de cette année que date sa première peinture dont on doit tenir compte. Elle représente un ouvrier assis. Ses petites dimensions, la représentation méticideuse attestent l'influence du style petit-bourgeois. 21 En vérité, c'est en 1846 qu'Orlai a décidé de renoncer au droit et de commencer à se préparer systématiquement à la carrière d'artiste. Il en cherchait les moyens, étudiait des livres d'art, s'est mis en rapport avec le peintre Miklós Barabás 22 et s'est présenté à l'école de peinture de Jakab Marastoni. Cette école venait d'être créée. Elle comblait de grandes lacunes, mais elle ne convenait pas, à cause de son enseigne­ment méticuleux et mécanique, à un artiste aussi ambitieux qu'Orlai. Dans cet enseignement il n'y avait pas de place à une distinction entre le dessin industriel et l'art propre­ment dit. A la fin de l'année, Orlai a obtenu une bourse d'étude de Madame Wenckheim, née baronne Terézia Orczy et, l'année suivante, il est allé à Vienne. Une lettre de Petőfi, datée du 26 décembre 1846, dans laquelle le poète déclarait qu'il jouissait davantage de savoir qu'Orlai avait reçu mille florins que d'en recevoir lui-même deux mille, doit se rapporter à l'aide de madame Wenckheim. Dès le commencement de l'année 1847, Orlai se trouvait donc à Vienne. Il y étudiait d'abord à l'Académie, puis à l'école privée de Waldmüller. La lettre qu'il a envoyée en avril à ses parents demeurant dans le département de Békés nous renseigne amplement sur sa vie à Vienne, sur ses études et surtout sur le mal du pays dont il souffrait. 23 « Nous vivons sous le même Soleil et pourtant si éloignés les uns des autres. Heureux sont les campagnards dont les désirs ne dépassent pas l'horizon de leurs fermes ; il m'ar­rive d'envier de tout mon cœur leur existence. Pourtant, ne pensez pas que je ne sois pas prêt à la partager; vivre dans une ville énorme ne m'empêche pas d'être par la pensée plus souvent avec vous à Békés qu'avec moi-même ici. Et maintenant je passe au dicton bien sage qui affirme que l'on finit par s'habituer à tout endroit ; c'est mon cas : Vienne est pour moi comme Pest ou Gyula. Seuls ses habi­tants sont différents. . . On trouve ici du faste et aussi de la misère, beaucoup de gens intelligents et une multitude de sots. » Puis, il apprenait à ses parents qu'il travaillait sous la direction du célèbre professeur Waldmüller qui l'encourageait dans son ambition de ne pas tromper l'at­tente de ceux qui avaient mis leur espoir en lui. Et, pour finir, il annonçait la nouvelle d'un voyage prochain de Waldmüller e:i Russie qui lui permettrait, à lui, Orlai, de rentrer pour voir ses parents de Békés. C'est en hiver 1847 à Vienne qu'il s'est mis à peindre sa toile historique, le Roi István et Vassassin, une œuvre dont l'exécution aurait demandé à tout autre artiste des études préliminaires s'étendant sur plusieurs années. Orlai voulait progresser vite dans cette entreprise audacieuse et ne s'attardait pas à des problèmes insignifiants concernant le contenu et la forme. Cependant, il a peint plusieurs œuvres de courte haleine qui étaient probablement des études proprement dites pour la préparation de la grande toile. Nous sommes en possession de plusieurs documents écrits qui prouvent que Waldmüller suivait avec intérêt les pro­grès d'Orlai. En octobre 1847, il a adressé une requête à l'assemblée nationale hongroise 21 ; il y exposait qu'il avait quelques Hongrois parmi les élèves de son école à Vienne et que ceux-ci progressaient si bien et donnaient de telles preuves de leurs dispositions pour l'art qu'on ne pouvait pas douter de leurs dons. A son avis, ces jeunes gens, pous­sant plus loin leurs études, auraient de la renommée dans la vie artistique et feraient honneur à leur nation. « Us suivront leur propre chemin et se couvriront de gloire s'ils choissisent la route qui les ramènera dans leur pays. Devoir à la patrie leur formation et mettre, en revanche, toute leur énergie à son service » — lit-on dans cette requête. Wald­müller sollicitait les Ordres de bien vouloir s'intéresser au

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