Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

sort de ces jeunes artistes.­5 Nous ne savons pas si les rap­porteurs des ministères compétents ont donné suite à cette demande ; en tout cas, l'intervention généreuse de Wald­müller mérite d'être retenue. Cependant, des événements de portée historique se suc­cédaient rapidement. Le vent était à la révolution en Eu­rope et, en particulier, dans l'empire des Habsbourg. Quand Orlai a appris que la révolution avait éclaté à Pest, il travaillait encore à sa compositon dont le sujet lui avait été fourni par un incident de la vie du roi István. Les événements politiques lui annonçaient l'avènement d'une ère nouvelle. Lui et ses camarades hongrois faisant leurs études à Vienne préparaient alors une exposition à Pest pour y présenter au public hongrois les réussites récentes de notre peinture. Parmi les toiles qu'ils avaient l'inten­tion d'envoyer à Pest devait figurer la composition d'Orlai représentant une scène de la vie du roi István. Le projet de cette exposition a échoué à cause de l'opposition des enne­mis des idées révolutionnaires. A la même époque, en juillet 1848, le journal de Petőfi et de Jókai, Életképek (Scènes de la vie) a publié un bel­essai sur les problèmes de l'art national hongrois et dans le cadre de cette analyse un compte rendu remarquable de l'activité d'Orlai.-" L'auteur de l'essai, Gábor Pap (ancien élève du collège de Pápa), secrétaire à la lieutenance royale, correspondant à Vienne du journal Életképek, com­mence son étude par la constatation suivante : « Nous vivons dans une époque de transformation complète. Le mouvement qui s'est étendu sur toute l'Europe, a eu des répercussions chez nous aussi. Nous nous rendons compte que notre passé est condamné à disparaître et que notre devoir principal est d'aller au-devant de l'avenir et de le saluer par des actes. Jusqu'à nos jours, nous n'avons joué aucun rôle sinon celui du domestique sur la scène de l'his­toire universelle. » Après cette introduction, l'auteur sou­ligne l'importance des arts plastiques. « La vitalité d'une nation dépend de la corrélation existant entre son relève­ment intellectuel et l'avenir. Si nous voulons s'élever, il ne nous est pas permis de laisser périr ceux à qui nous devrons la grandeur de la nation. Dans la vie intellectuelle, ce rôle est dévoué entre autres à l'art dont la peinture constitue une des branches les plus importantes. Par ce mot j'entends une peinture de valeur, une peinture cré­atrice. Il y a lieu d'établir une distinction nette entre le peintre et le pasticheur. Le premier puise ses sujets dans son for intérieur, il voit chaque trait de son dessin refléter la puissance de son esprit créateur et par sa poésie il insuffle la vie aux dieux. Le second, n'arrive pas à se débarrasser d'une imitation machinale, et puisqu'il n'a jamais eu d'idées qui eussent pu refléter son âme, il ne survivra pas à sa mort. Il est indéniable que notre première tâche est de sauver la patrie. . . Je ne voudrais pas le nier. Mais, si la nation est à même de consentir des sacrifices à une cause noble en plus de la défense de la patrie, elle devrait en premier lieu encourager l'art national. Un seul artiste de valeur devenu immortel suffira pour immortaliser sa nation. . . » Après, Gábor Pap énumère tous les artistes hongrois qui se sont établis à l'étranger, rappelle le cas de Ferenczy qui, déçu dans ses espoirs de pouvoir réaliser un projet grandiose, a dû renoncer à l'art. «Cela ne peut plus aller comme cela ! Montrons par nos actes que nous nous réveil­lons ! » Ensuite, il parle d'Orlai. « La source inépuisable de son génie créateur, l'envolée de son imagination, sa technique excellente qu'il a acquise en une seule année à l'école de Waldmüller jouissant d'une renommée universelle, témoignent vivement de son talent qui lui permet sinon de dépasser, au moins d'égaler les peintres italiens. Il puise les sujets de ses peintures dans l'histoire de Hongrie et il anime chacun de son imagination ardente. Il vient de ter­miner le Réveil de saint Etienne. Si le génie sacré de la nation le délivre des chaînes de l'indigence, il se mettra immédiate­ment à peindre un autre tableau historique, Le cimetière de Mohács. Son sujet sera l'enterrement des héros morts pour la patrie. La force de son génie créateur garantit qu'il pourra donner à ce thème tragique une expression déchirant le cœur. Je n'ai vu que l'esquisse de la composition, mais elle a suffi pour me convaincre de la grandeur de cette œuvre. Le peintre avait l'intention de présenter le Réveil du Roi saint Etienne à l'exposition qui devait avoir lieu à Pest. Mais elle a été annulée, parce que de l'avis des organisateurs les temps révolutionnaires n'auraient pas favorisé l'envoi de tableaux. Telle était au moins l'opinion des personnalités de l'espèce de Marastoni. . . Jusqu'à quand allons-nous supporter ce Marastoni qui par son ignorance tourne en dérision notre art national où il s'est mis honteusement en avant? Qand finirons-nous par com­prendre que Marastoni ne s'est même pas approché du Par­nasse où le Destin berce l'art? Je suis obligé de supposer que Marastoni a prêté son concours à l'ajournement de l'exposition. Pourtant, on n'aurait pas pu trouver pour son ouverture une meilleure date puisque la session de l'as­semblée nationale commencera bientôt. Il y a eu révolution à Vienne aussi, cependant l'exposition continue d'être ouverte et les tableaux n'y manquent pas. . . » En ce qui suit, l'auteur demande au Musée National de faire un effort pour acquérir le tableau dès qu'il sera à Pest ; il s'en réfère à József Eötvös qui l'aurait chargé de cette commission et évoque la requête de Waldmüller adressée à l'Assemblée Nationale. Tout au long de son étude, Gábor Pap insiste sur l'im­portance de l'éclosion de l'art national et emploie un ton cinglant convenant bien à l'époque qui réclamait une transformation révolutionnaire. En faisant l'éloge de ces objectifs élevés, il déclare la guerre à la formation médiocre et machinale des artistes et à leur comportement dont Marastoni était pour lui l'exemple le plus probant et le symbole. L'enseignement dispensé à l'école de Marastoni

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