dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

LA JEUNESSE DE KÁROLY TELEPY FRAGMENTS DE SON JOURNAL DE 1848—1849 En nous souvenant de Károly Telepy, nous évoquons l'un des pionniers, l'un des restaurateurs de la peinture hongroise qui, durant presque cinquante ans, a servi avec obstination et dans un bel esprit de dévouement la cause du développement des beaux-arts en Hongrie. Il était jeune homme quand, en 1848, toute une nation prit conscience de sa noble mission et, sous l'oppression sans issue suivant l'échec de la lutte pour l'indépendance nationale, ce fut lui et ses pareils qui, par leur activité pleine d'abnégations, permirent aux beaux-arts hongrois de survivre. Il ne man­qua jamais à son devoir d'encourager les beaux-arts en Hongrie, ni à l'époque du Compromis austro-hongrois de 1867, ni dans les années du développement du capitalisme dans notre pays, époque qui, grisée d'une fausse gloire, proclamait sa grandeur, ni dans les années du Millénaire de la Hongrie pleines déjà de lourdes contradictions. Pour se faire une idée du noble zèle avec lequel Telepy s'acquit­tait de ce devoir, nous n'avons qu'à ouvrir les revues du XIX e siècle qui en parlent beaucoup, qu'à penser à son activité de secrétaire et de directeur des expositions à la Société pour l'encouragement des Beaux-Arts, qu'à relire les mille pièces de sa correspondance avec les artistes con­temporains, nous n'avons qu'à passer de nouveau en revue ses paysages dont le nombre dépasse ICO et dont chacun dénote avec vigueur l'amour du pays natal. Károly Telepy a salué avec joie la grande génération des peintres hongrois, celle de Munkácsy, de Paál, de Mészöly, de Madarász, de Benczúr et d'autres encore. Dans l'exercice de ses fonc­lions officielles, il est entré en rapports avec eux, il pouvait les compter parmi ses amis, à commencer par Munkácsy, et plusieurs durent à son influence la poursuite de leur carrière artistique. Ce zèle infatigable d'être utile à la nation, il le devait à la maison paternelle. Son père, György Telepy, fut en effet l'un des premiers précurseurs digne de notre respect de l'art dramatique en Hongrie, et il eut de grands mérites dans la fondation du Théâtre National aussi. Il est tout naturel que le milieu familial ait exercé une influence sur l'enfant aussi bien que sur le jeune homme, et qu'il ait donné une direction à ses premi­ères ambitions. L'enfance de Telepy s'écoula dans l'époque enfiévrée des Réformes politiques; il put voir lui-même, voir de ses yeux, la lutte héroïque des pionniers de l'art dramatique en Hongrie pour le développement de la langue et de la culture nationales. Il n'y a donc rien de surprenant et d'extraordinaire en ce que Telepy eût, dans sa jeunesse, pendant les années de luttes où le peuple hongrois se formait en nation, des impressions qui lui fournirent des buts pour toute sa vie. Károly Telepy est né à Debrecen le 2ô décembre 182». Son père appartenait alors à la première troupe de comé­diens hongrois. La carrière mouvementée et les mérites de celui-ci dans le développement de l'art dramatique hongrois le recommandent à notre attention et cela d'au­tant plus qu'il passait à son époque pour un peintre de talent aussi. De son vrai nom Telepianovich, György Telepy eut pour père Timóthée, pope grec et pour mère Anna Thurzó, d'origine transylvaine. De cette union sont nés deux fils, József et, selon le témoignage du registre baptistaire de Kisléta, 1 György, ce dernier le 7 octobre 1800. György fut destiné par son père à la prêtrise et dut faire sa théologie à Vienne. Cependant il ne fut pas ordonné car, voyant une divergence de principes entre ses idées et celles qu'il aurait dû prêcher d'après l'esprit de la liturgie, il renonaç au sacerdoce, et entra dans l'administration départemen­tale. En 1818 nous le retrouvons dans le comitat de Sza­bolcs comme clerc du sous-préfet. Les traditions de la famille veulent qu'il se soit épris de la fille de son chef et que celle-ci ait été envoyée en lieu sûr par ses parents pour échapper à la séduction du jeune homme. Celui-ci serait allé à sa recherche, se serait présenté chez tous les parents connus de sa bien aimée sans pouvoir la retrou­ver. 2 Cependant, cette randonnée lui a fait du bien. A Nagykároly il a rencontré la troupe du comédien Károly Megyeri qui y jouait et «le jeune clerc se sentit invincible­ment attiré par l'art dramatique». 3 En Pologne, en Alle­magne et surtout à Vienne il s'était déjà beaucoup plu à étudier le théâtre. 11 avait appris tout ce qui était à app­rendre et rentré dans son pays, il tira profit de ses con­naissances comme membre de la troupe de Megyeri. A partir de 1820, il pouvait se compter parmi les prota­gonistes les plus zélés de l'art dramatique hongrois. Les journaux de l'époque, ses camarades et le public le tenaient en grande estime tant pour son talent que pour ses con­naissances les plus diverses. Il était à la fois acteur, au­teur, décorateur, peintre de décors, metteur en scène, con­fectionneur d'accessoirs et régisseur, et nous sommes encore loin d'avoir montré le champ vaste de son activité au théâtre, car il était, d'après certains renseignements, peintre et aussi traducteur de pièces. Il put accomplir cet immense travail, car il était animé d'un ardent patrio­tisme. «Ces comédiens étaient pénétrés de la force magique

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