dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

LES OEUVRES DU JEUNE BÉLA CZÓBEL Il n'est pas facile de déterminer la place occupée par l'art de Béla Czóbel — de même d'ailleurs que celle d'un grand nombre de ses contemporains. Sa carrière de peintre — qui, jusqu'ici embrasse quelque soixantaine d'années — se situe dans une période d'évolution particulièrement mouvementée, marquée par de nombreux changements de modèle artistique. Cette évolution, amorcée par Cézanne, est caractérisée par de fréquentes modifications des ten­dances et des courants, par une recherche continue et pa­tiente en vue d'exprimer des conceptions sans cesse nou­velles de l'univers. C'est une évolution inégale, avec de nombreuses bifurcations. L'artiste qui vit dans une telle période voit nécessairement son eouvre se diviser en plu­sieurs «époques». Or, ces époques ne représentent pas, comme autrefois, des phases différentes de la maturité artistique, mais bien souvent des ruptures conscientes avec des conceptions ar­tistiques considérées comme dépassées. Les artistes dont les débuts se situent au tournant du siècle, subissent tous cette nécessité et Czóbel ne constitue pas une exception à cet égard. Ses «époques» à lui, découlent logiquement les unes des autres, il est facile de suivre sa voie artistique, mais la confrontation de deux de ses oeuvres éloignées dans le temps, révèle d'étonnantes diversités. Czóbel a commencé sa carrière à Nagybánya où il se rendit aussitôt après avoir passé son baccalauréat. Cette année-là, en 1902, venait de s'ouvrir, avec le départ de Hollósy, l'école libre des «quatre de Nagybanya» . Bien que, comme les jeunes en général, Czóbel eût été attiré par l'art de Károly Ferenczy, il prit comme maître Béla Iványi­Grünwald. Il est vrai que Ferenczy ne s'occupait pas vo­lontiers d'enseigner à des peintre entièrement débitants, et que, d'autre part, Béla Iványi-Grünwald, avec une ar­deur juvénile, s'enthousiasmait pour tout ce qui était neuf. En effectuant ses débuts sous la direction des maîtres de l'école de Nagybánya, Czóbel fît un choix excellent. En effet, la didactique de ces maîtres repose sur des principes qui restent valables encore aujourd'hui; ils ne cherchaient pas à imposer à leurs élèves des styles et des façons de voir déterminés, mais au contraire, à contribuer à l'épanouis­sement de leur personnalité, d'artiste. Leur seule directive •— à laquelle Czóbel devait rester fidèle plus tard — c'était que l'oeuvre d'art devait s'inspirer, à la base, d'une vision. Cependant, dans l'interprétation de cette vision, ils n'ad­mettaient que certains moyens d'expressions, au nombre assez restreint et se refusaient absolument à comprendre toute déformation, toute abstraction. «Cette conception était excellente pour une école de peinture, dit Réti, en parlant du ,,naturalisme puritain", mais elle paralysait le tempérament et l'imagination de l'artiste fi. 1 Des concep­tions analogues ont été formulées plus tard par les maîtres de la deuxième génération de Nagybánya. Cependant, au début du siècle, toutes ces contradictions n'avaient pas encore apparu et Czóbel semblait pouvoir s'intégrer dans la vie de l'école de peinture et de la colonie d'artistes. Il travaillait avec acharnement et, après cette première année, il revint encore assez souvent dans la colonie d'artistes. Durant l'année scolaire 1902—1903, Czóbel fit ses études à l'Académie de Munich sous la direction de Herterich et de Diez, tous deux auteurs de tableaux de genre histori­ques et de compositions mythologiques qui, en dehors de la technique picturale, n'avaient pas grand'chose à ap­prendre au jeune Hongrois. L'année suivante, en automne 1903, il s'inscrivit à l'Académie Julian, à Paris, où il devint élève de Jean Paul Laurens, le peintre le plus remarquable du genre historique de la Troisième République. Cette même année, il obtint le premier prix à un concours de dessins de nus de l'Académie. Il exposa d'abord au Salon d'automne de 1903 du Salon national, puis, cette même année au Salon du Champs de Mars à Paris. La première critique parue sur lui dans la presse est due à la plume de Károly Lyka, elle traite d'un de ses portraits exposés au salon d'hiver de la Galerie des Arts en 1904. 2 A cette époque-là, les peintres de Nagybánya étaient déjà «arrivés», la tempête provoquée par leur apparition, s'était apaisée. Les jeunes peintres, les révélations des ex­positions n'imitaient plus le peintre académicien Benczúr, mais suivaient la voie tracée par Ferenczy. C'était là un changement salutaire, d'un certain point de vie, car le naturel de l'école de Nagybánya l'emportait enfin sur la facture éblouissante et représentative, mais assez vide de la peinture académique; cependant, il convient de l'ap­précier avec une certaine réserve, car les jeunes peintres de l'époque estimaient que leur tâche unique consistait à rendre avec le plus de fidélité possible, avec une minutie quasi artisanale tout ce qu'ils observent dans la nature. Leurs tableaux ne sont pas des compositions, ni l'interpré­tation d'une expérience picturale bouleversante, mais d'honnêtes études. Certes, Lyka signale tout particulière­ment le tableau de Czóbel exposé à ce salon d'hiver, et loue les qualités du dessin, de la facture, la riche gamme des cou­leurs, mais cette oeuvre n'est pas d'une qualité supérieure

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