dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

l'universalité des couleurs (constituant la nature visible) et il y perçoit des sons, comme le peintre saisit des couleurs dans la nature qu'il contemple. Son quatuor à cordes d'une actualité brûlante est caractérisée par la nouveauté complète de ses suites d'harmonies; les parties passent d'un intervalle à l'autre comme on ne l'a jamais constaté chez aucun des compositeurs connus; de même, on aurait beau chercher la même rythmique et les mômes contrastes dynamiques chez ses prédécesseurs. Par cette oeuvre, Bartók a créé du neuf qui se passe de toute explication. Nous n'avons qu'à la vivre, qu'à la pénétrer et si nos sens sont capables de suivre les impul­sions des sens de Bartók, nous trouverons cette oeuvre grandiose comme nous l'aurions trouvé dans le passé une oeuvre de Bach, de Mozart ou de Beethoven . . . » 56 Après ces préliminaires, Berény a peint le portrait de Bartók au printemps 1913, selon toute probabilité, en avril. Le peintre a lui-même précisé la date; en signant, il donne l'indication suivante: «1913. IV. » La ressemblance de caractère bien saisie ne doit pas nous faire oublier que Berény s'efforçait avant tout de rendre la vérité intérieure de son modèle. De tous les artistes hongrois c'est lui qui a su le mieux exprimer, au niveau le plus élevé, la force suggestiv e et la tension incomparable carac­8. Róbert Berény (1887—1953): Autoportrait au chapeau haut de forme- Avant 1911. 8. Berény Róbert (1887—1953): Cilinderes önarckép. 1911 előtt. lérisliques de la personnalité et de l'oeuvre de ce compo­siteur de génie. Cinquante ans après l'exécution du portrait, il ne nous paraît pas inutile d'évoquer le jugement d'un critique contemporain: «En regardant le portrait de Bartók peint par Róbert Berény, on croit entendre les puissants accords du combat qui se livre entre deux fortes personnali­tés, le peintre et son modèle. L'intensité de ce combat semble pénétrer de son ardeur la tête du modèle pétrie d'une main de fer dans une masse résistante. La peinture réussit à nous faire sentir les frémissements les plus inti­mes de l'âme par le rayonnement merveilleux des équiva­lences optiques des phénomènes intérieurs. Des énergies concentrées communiquent leur force élémentaire aux couleurs ardentes que le dessin constructif du portrait étreint dans une unité étroite. Il serait difficile de nous prononcer d'ores et déjà sur l'importance que ce portrait pourrait avoir dans la carrière de Róbert Berény, mais il est hors de doute qu'il constitue un événement non seulement par ses tendances mais aussi par les résultats atteints, et qu'il donne une preuve très précieuse du progrès sciemment préparé et des efforts logiques de l'artiste.» Ce jugement d' Aladár Bálint avait paru dans la revue Nyugat en mai 1913. Plus tard les critiques, en parlant de ce portrait, ont évoqué la manière de Kokoschka. Ce rapprochement nous paraît bien justifié. Kokoschka, un des plus remarquables représentants de l'expressionnis­me allemand s'est assuré par ses portraits aussi une place distinguée dans l'histoire de l'art européen. L'oeuvre de Berény, un des chefs-d'oeuvre du portrait hongrois au XX e siècle peut supporter, appelle même cette comparaison puisque tous les deux artistes sont préoccupés de la mise en relief des éléments psychiques déterminant la vie intérieure du modèle, à cette exception près que Kokoschka a l'habitude de représenter le caractère comme le produit des réflexes intenses mais fugitifs des états d'âme passa­gers; par contre Berény ne se contente pas d'une repré­sentation expressive; il s'efforce de fixer les impressions nées subitement et de faire valoir en même temps ses propres principes de la composition et son don de la con­struction. Ce fait est confirmé aussi par l'emploi d'éléments cubistes. On ne saurait se méprendre sur le rôle accordé par lui aux plans géométriques entourant le front et le visage même si ces plans semblent se résorber par en­droit. Les événements les plus importants de l'histoire de ce portrait sont déjà suffisamment connus. Il a été exposé en 1914 à Vienne, au Salon Brüko et en 1915 à l'exposition internationale de San Fransisco où il a été reproduit dans le premier volume du Catalogue en deux volumes. En 1916, Arthur Elek rend compte de l'exposition et parle ls

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