dr. D. Fehér Zsuzsa -Párdányi klára szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 3. szám (Budapest, 1961)

de connaître, comment ce maître très original de la peinture hongroise de l'époque de transition s'est formé et s'est développé à partir de son contact avec la réalité russe. À la fin du XVIII e siècle et au début du XIX e siècle le style baroque de l'art en Hongrie a dû céder aux formes neuves, nées d'une conception de la vie plus réaliste et plus empreinte de rationalisme. Les rapports sociaux nouvellement établis se faisaient sentir de plus en plus. La bourgeoisie faisait ses premiers essais d'offensive, désirant non seulement de se montrer progressive, mais encore de se poser en classe révolutionnaire. En ce temps­là en Hongrie (de même que dans beaucoup d'autres pays) le portrait était ce domaine de l'art où les nouvelles tendances se faisaient sentir de prime abord. Le portrait féodal s'est vu remplacé par le portrait qu'on pourrait appeler celui «du Siècle des Lumières» et plus tard par celui dit «roturier», celui de l'époque bourgeoise. Il est à noter, que les peintres de portraits proches de Rombauer et, entre autres, son maître János Jakob Stunder (1759—1811), János Donát (1744—1830) et Josef Kreuzinger ont été attirés en Hongrie par le «Lessing hongrois», un des plus remarquables représentants des nouvelles tendances de l'époque, Ferenc Kazinczy (1759—• 1831). Kazinczy était ami intime de Rombauer pendant les dernières années de sa vie, lorsque Rombauer, de retour de Russie dans sa patrie, s'était fixé à Eperjes. 6 Kazinczy non seulement collectionnait lui-même les portraits d'artistes et d'écrivains de son temps, mais il encourageait les mêmes efforts des milieux progressistes des intellectuels hongrois. Ces collections furent déjà profondément différentes des «portraits de famille» de la noblesse de l'époque précédente. Notons en passant qu'il n'existe pas moins de 23 portraits de Kazinczy lui­même. 7 La personnalité de Kazinczy est extrêmement typique pour la révolution culturelle qui s'opérait en Hongrie à la fin du XVIII e — au début du XIX e siècles. Issu d'une famille noble, ayant embrassé la Réforme, il s'occupait de l'enseignement sous le roi József II. Écrivain de renom, poète, et un peu peintre, il a traduit la «Messiade» de Gessner et plusieurs drames de Shake­speare; en même temps il était un critique d'art eminent et rédacteur en chef d'une revue littéraire hongroise (la première en date), le «Magyar Múzeum ». Kazinczy a pris part au complot jacobin de Martinovics. Martinovics et ses partisans avaient organisé deux sociétés clandestines: «Société des réformateurs hongrois» et «Société de liberté et d'égalité». Ces sociétés ont groupé 465 personnes. Elles se donnaient comme but de créer une république nationale hongroise par le moyen d'une révolution subite. Elles réclamaient l'abolition du servage, elles faisaient circuler des traductions de la «Marseillaise», du «Cathé­chisme du Citoyen», etc. Le complot a été découvert. Les chefs — Martinovics, Hajnóczy, Szentmarjay et le capitaine Laczkovics ont été décapités le 20 mai 1795 à Buda, sur la place qui, jusqu'à nos jours, porte le nom sinistre de «Pré sanglant». Kazin­czy a été également condamné à mort, puis gracié et remis en liberté (après 6 ans et demi de prison). Il a renoncé entièrement à l'activité politique, mais il est devenu le chef de la réforme de la langue hongroise. La critique moderne ne se fait plus d'illusions sur cer­taine étroitesse de vues de Kazinczy dans ce domaine — la sous-estimation du trésor folklorique, l'européani­sation forcée, etc. mais, toutes réserves faites, son rôle d'animateur éclairé reste tout de même considérable; les critiques d'art bourgeois de la Hongrie d'alors nous donnent une appréciation très enthousiaste de l'héritage qu'il légua à sa patrie. Le lendemain de sa mort, Eötvös écrivait: «Ce que Kazinczy nous a laissé, ce ne sont pas seulement quelques oeuvres éparses, c'est toute une littérature; c'est bien lui qui, à la nation entière, a ouvert les horizons d'une vie vraiment nouvelle». On suppose, que Kazinczy, de même que Stunder, était franc-maçon. En ce qui concerne l'art des portraitistes que Kazinczy protégeait, — le maître de Rombauer, Stunder, danois d'origine, quoique domicilié à Vienne, et Kreutzinger (ce dernier a un certain temps travaillé en Russie et, en 1799, a peint un portrait excellent et original de Souvorov à Vienne), — cet art présente un caractère double même dans le domaine du portrait. Tout en faisant des portraits de courtisans et de nobles, ces peintres font aussi d'autres oeuvres marquées par l'esprit du «Siècle des Lumières». Ce sont les traits intellectuels, démontrant le triomphe de la Raison qu'ils s'enorgueillissent de découvrir dans leurs modèles et non pas les vertus d'une généalogie séculaire. Comme exemple on peut citer le portrait de Kazinczy par Kreutzinger, qui se trouve à la Galerie Nationale à Budapest (ce portrait est reproduit dans l'ouvrage de Klára Garas: «La peinture hongroise du XVIII e siècle») 8 sans insister davantage, le problème du portrait hongrois étant trop compliqué pour qu'on puisse prétendre à le traiter à fond dans un court exposé. Les faits cités nous montrent pourtant de quel milieu artistique Rombauer est issu; ce milieu est hongrois et c'est un argument de plus qui nous permet en même tomps d'affirmer que Rombauer est un peintre de l'école nationale hongroise (notons toujours que ce problème donne encore lieu à discussion). En effet, tandis que les critiques d'art hongrois s'accor­dent, sans hésiter, à voir en la personne de Rombauer un peintre hongrois (et, ce qui plus est, un peintro hongrois patriote) — les critiques d'art slovaques le rangent, avec le même élan d'unanimité, parmi les peintres slovaques. Comme nous l'avons déjà indiqué, l'historien russe (A. P. Muller) s'obstine à l'appeler Allemand. Ne serait-ce

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