dr. D. Fehér Zsuzsa -Párdányi klára szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 3. szám (Budapest, 1961)

AUTOUR DE MIHÁLY MUNKÁCSY Une revue d'art d'expression française, universellement répandue, vient de publier, parmi ses documents relatifs à l'histoire de l'art, un écrit de Jules Mersch, écrivain belge, que celui-ci avait consacré à la famille Munkácsy dans la collection nationale des biographies des person­nalités luxembourgeoises les plus marquantes. Enfin, après un silence de plusieurs années, la littérature artisti­que occidentale recommença à s'occuper de notre peintre. À proprement parler, l'étude en question est consacrée à la baronne Cécile Papier de Marches (1845—1915) qui, après la mort de son premier mari, avait épousé le peintre hongrois en secondes noces. Il y est dit, entre autres, ce qui suit: «Cécile était une femme désirable, vive, bien en chair, un peu ordinaire, d'esprit mercantile qui m'avait donné de l'occasion pénétrer dans un milieu dont on ne peut plus se faire une idée aujourd'hui, dans celui de Michel Munkácsy, son second mari, établi alors définitivement à Paris, à l'âge de 28 ans. J'ai pu connaître l'enthousiasme du peintre hongrois pour Courbet et Millet, me familiariser avec ses amis, Liebermann, Makart, Chaplin, Gustave Doré, j'ai pu deviner le rôle de Sedelmeyer, cet important marchand de tableaux qui venait de succéder à Goupil et qui avait décidé d'apprendre à Munkácsy à se lancer dans la société et qui, en conséquence, lui avait conseillé de mener grand train et de recevoir du monde. J'ai pu connaître le succès de tableaux immenses comme le Christ devint Ponce Pilate, le Golgotha, Mozart. Ces pein­tures avaient été présentées éclairées par la lumière des projecteurs disposés dans le salon du maître décoré de fleurs et où Renan l'avait félicité pour sa conception moderne du Christ et où François Liszt et Dumas fils avaient l'habitude de se rendre. Voilà quelques chiffres prouvant le grand succès de son Christ devant Ponce Pilate: le nombre des visiteurs s'élevait à 5000 par jours; 500 d'entre eux, parmi lesquels mentionnons le prince de Galles et Gambetta, étaient venus en voiture admirer le tableau. En deux ans, deux milles reproductions ont été vendues. Le tableau fut exposé par la suite à Vienne, à Budapest, à Varsovie, à Munich, à Berlin, à Amster­dam, à Stockholm, à Christiania, à Bruxelles, en Angle­terre et aux Etats-Units. Cependant ce succès exception­nel n'a pu lui cacher l'importance de la nouvelle tendance impressionniste qui lui avait enlevé ses meilleurs disciples, n'a pu l'empêcher de déclarer d'un ton agacé qu'il avait cette tendance en horreur, ce qui voulait dire qu'il en avait peur ...» Mais il faut poser le problème: que devons-nous penser de la femme de Munkácsy? Les Hongrois de l'époque qui avaient été ses hôtes soit à Paris, soit à Kolpach, ont parlé d'elle avec enthousiasme. Ils ont loué la tenue incomparable de sa maison, sa générosité et son ama­bilité charmante. Ils l'ont décrite comme une compagne pleine de compréhension à l'égard de son mari, cet homme de génie, soucieuse de l'assister en tout, heureuse de voir ses succès et s'employant de son mieux à augmenter sa renommée. Selon eux, Madame Munkácsy se serait entièrement dévouée à cette mission, c'est pour cela qu'elle n'aurait pas plaint sa peine ni regardé à la dépense, qu'elle aurait donné de somptueux dîners, organisé de magnifiques soirées auxquelles plusieurs centaines de per­sonnes étaient souvent conviées, et tout cela, répétons­le, pour étendre, au service de la gloire de son mari, le cercle de leurs relations dans la haute société. Il s'est rarement rencontré de visiteurs qui se soient montrés sévères pour la femme de Munkácsy à l'exemple de Zsigmond Just qui était allé jusqu'à l'accuser de snobisme et à lui reprocher une vanité maladive. Les grands écri­vains français et étrangers, vivant ou de passage à Paris, de même que l'élite artistique et aristocratique, jusqu'aux membres de familles princières, fréquentaient volontiers les Munkácsy. Mais, après la mort du peintre, de nombreuses personnes ont reproché à la veuve d'avoir contribué à gâcher la carrière artistique de son mari. Elles lui ont fait grief de sa soif de plaisirs, de sa conduite légère, de ses folles dépenses qui auraient obligé le peintre à se charger d'une besogne surhumaine. Selon ces accusateurs, Munkácsy aurait accepté, uniquement pour faire plaisir à sa femme, des commandes qui n'avaient d'autre but que de lui faire gagner de l'argent et qu'il se serait ainsi éloigné d'une carrière hautement artistique lui permettant le développement harmonieux de son talent. Certains sont allés jusqu'à lui reprocher son caractère acariâtre, sa mesquinerie et sa jalousie aussi. Il serait difficile de trancher la question. Les quelques centaines de lettres que Munkácsy avait adressées à sa femme pendant leurs fréquentes séparations, ne four­nissent aucune preuve permettant de supposer des rapports tendus entre les époux, ni d'admettre que Munkácsy se soit considéré comme opprimé, exploité même par sa femme. En scrutant ce problème, il faut absolument tenir compte de l'indécision, de la mollesse du caractère

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