dr. D. Fehér Zsuzsa -Párdányi klára szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 3. szám (Budapest, 1961)

26. Friedrich August von Kaulbach (1850—1920): Portrait de Madame Munkácsy. Kaulbach, Friedrich August von (1850—1920): Munkácsyné arcképe. de l'artiste, incapable d'organiser lui-même sa vie. Mun­kácsy était en effet éternellement torturé de doutes et d'incertitudes et n'avait aucun sens de la vie pratique. Il avait donc bescin de quelqu'un qui le déchargeât des soucis de la vie de tous les jours et qui le dirigeât. Il eut la chance de rencontrer à Düsseldorf Cécile Papier qui ne se laissait pas abattre par le tourbillon des vicissitudes de la vie. Elle était ambitieuse et avait une volonté de fer. Issue d'une famille modeste, elle avait pu connaître toutes les jouissances de la vie aux côtés de son premier mari, le baron de Marches. Elle eut vite fait de s'habituer au luxe, au grand monde. Quand, après la mort de son premier mari, elle épousa Mihály Munkácsy, elle accéda plus facilement encore à la plus haute société. Elle se réjouissait d'être entourée, fêtée, et elle était fière de pouvoir participer à la gloire de son mari qui avait déjà conquis une renommée uni­verselle. C'est un fait indéniable qu'elle dissipait l'argent, dépensait à deux mains pour son train de maison prin­cier. La fortune qu'elle avait héritée de son premier mari, lui assurait une rente annuelle de 50 000 à 70 000 francs; les revenus de Munkácsy s'élevaient par an à 200 000, même à 300 000 francs (En florins hongrois, de 4 à 6 millions). Les Munkácsy dépensaient sans compter tout ce qu'ils avaient. Ils n'avaient pas d'enfant, donc aucune responsabilité de ce côté. Et le genre de vie qu'ils en­tendaient mener, ne dépendait pas uniquement de Mada­me Munkácsy. La correspondance du jieintre montre que le mari s'élevait rarement et sans énergie contre cette vie menée à grandes guides. Il la partageait, elle ne lui répugnait pas, elle le lassait tout au plus. Le fait qu'il lui arrivait de supporter difficilement la vie bru­yante de son palais et de dîner simplement d'un morceau de pain et de lard, ne prouve nullement son intention de se libérer de cette vie mondaine dans laquelle il avait été entraîné. Quant à l'instabilité du niveau artistique des oeuvres de Munkácsy, on ne peut l'imputer non plus uniquement à sa femme. C'est surtout la maladie qui empêchait le peintre de déployer d'une manière égale son talent exceptionnel. Le genre de vie qu'il était contraint de mener avec sa femme, ne faisait pas uniquement tort à son talent, mais il avait aussi du bien puisqu'il le mainte­nait perpétuellement dans une tension nerveuse, le sti­mulait, le poussait même à chercher à se faire valoir. Quand Munkácsy avait fait la connaissance de la baronne de Marches, celle-ci était une femme bien jeune, jolie, et gaie. Non seulement les portraits de l'artiste épris d'elle la représentent ainsi, mais une photographie de 1873 aussi (Planche II). Madame Munkácsy était beaucoup plus petite que son mari qui avait une taille très haute; pour dissimuler cette différence, ils avaient l'habitude de poser pour lo photographe le peintre assis et sa femme debout. Après le mariage, Madame Munkácsy devenait d'année en année plus grosse ce qui incitait quelquefois son mari à la plaisanter doucement dans ses lettres. Mais n'oublions pas que l'idéal féminin à la mode alors est bien éloigné de celui d'aujourd'hui et qu'il était plus proche des femmes de Rubens que de celles de Botticelli. Rappelons aussi que le grand amour de Munkácsy, Madame Chaplin elle aussi était une femme assez corpulente. Deux ans avant sa mort, j'ai eu l'honneur de rencontrer la veuve de Munkácsy dans la maison hospitalière d'Árpád Bérezik chez qui elle venait souvent du vivant de son mari. Je fus surpris de la trouver moins grosse que sur le portrait de Kaulbach (Fig. 26.), elle me parut avoir beaucoup maigri jusqu'à reprendre sa taille de jeune femme. Elle avait un air morne, accablé. La mort de son mari lui avait fait perdre en même temps que les gros revenus du peintre, la majeure partie de sa propre fortune aussi. Entourée de jeunes personnes parmi les­quelles se trouvaient les trois filles pleines de grâce d'Andor Kozma, elle ne répondait que du bout des lèvres et en français, aux questions que ces dernières lui posaient. Tout trahissait en elle l'immense regret d'un passé qu'on ne pouvait plus ressusciter. Hélas, le temps passe, irré­vocablement. Zoltán Farkas 4(1

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