dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)
55. Imre Amos (1907-1944): Rêve du montreur d'ours. 1937. Arnos Imre (1907-1944) : Álom a i n e d ve t an col t a t ór ól. 1937. la, conception d'un Éluard, d'un Aragon ou même d'un Picasso luttant contre les horreurs insensées et les massacres de la guerre. Les deux guerres mondiales delà première moitié du XX e siècle avaient entraîné l'humanité dans des cataclysmes sans précédent et les artistes qui se croyaient être appelés à formuler les sentiments de toute la société, avaient, à juste titre, l'impression que seules les visions les plus absurdes peuvent donner une image authentique de la réalité. Les efforts et les tentatives accomplis dans ce sens par les artistes français n'avaient pas échappé à Amos, toujours à l'affût du nouveau et qui, en 1939, après avoir vendu quelques tableaux, réussit à passer trois mois à Paris. Les deux grandes impressions de ce séjour parisien furent la visite à Chagall et la connaissance des oeuvres de Picasso dans l'original. C'est avec une grande joie qu'il découvrit une certaine analogie entre les conceptions de ses confrères français et les siennes, analogie non pas de style, mais plutôt de vision. En effet, chez Amos, la conception surréaliste s'exprime par le truchement des traditions stylistiques de la peinture hongroise et, dans la période dont il est question, la tradition nationale dont il s'inspirait, était la représentation picturale naturaliste de l'école de Nagybánya, encore que cette tradi56. Imre Arnos (1907-1944): Szentendre. Vers 1940. Arnos Imre (1907-19441: Szentendre. 1940 körül. tion ne lui soit pas parvenue de première main. Son univers de rêves à lui diffère de celui des peintres étrangers aux conceptions analogues. Qu'il nous suffise, à cet égard, d'évoquer les tableaux d'inspiration surréaliste de Salvador Dali, d'Yves Tanguy ou même de Chagall ou de Picasso. Chez eux, tout objet imaginaire, ou détourné de sa véritable destination, vit une vie à part, comme s'il faisait partie de la réalité, découpé, avec des contours durs, dans l'espace réel. Amos, par contre, insiste toujours sur le caractère irréel de son rêve. Ses visions, comme les images floues des rêves, s'effritent, s'évanouissent, quand elles sont opposées à la réalité. Pensons seulement au personnage couché — et réel — du «Rêveur» qui voit, à travers la fenêtre, apparaître d'étranges formes nébuleuses, ou au jenue homme qui rôde dans les rues du «Village natal», avec, au-dessus de sa tête son immanquable génie ailé. Le fausset des tons picturaux d'Amos, doux et discrets, ne tarda pas à se renforcer ; le peintre passa alors au fortissimo. Fin 1940, il fut mobilisé dans les services de travail obligatoire et passa le reste de sa, vie dans différents camps de travail. La guerre, qui, jusque-là, l'avait rempli d'une horreur instinctive, devint alors une triste expérience personnelle ; les tragiques événements du front et de l'arrière, grossis par cette âme sensible, le bouleversaient. L'horreur insensée des bombardements, des maladies, de la famine, eut sur lui des effets désastreux. U redoubla d'ardeur au travail — peut-être pour trouver un refuge et un remède à ses tourments. Dans les camps de travail, aux heures où les autres se reposaient, il