dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)
formes dans ses tableaux. La note poétique à laquelle Derkovits a donné plus tard probablement, le titre de « Chanson de la Terre » est la suivante : Gris et vermeil Sang et poussière Dans la poussière le sang t'appelle 0, frère! Le créateur pétrit la boue avec du sang, le monde . nouveau se fait aussi avec le sang et la poussière Là poussière vole, le sang coule tout le temps. Le sang est versé sur la place aux carreaux de granit pour le pain quotidien . . . Des bottes sombres foulent la boue sur ton visage ; jusqu'à quand en sera-t-il ainsi, Prolétaire? 11 fallait avoir une grande intrépidité et beaucoup de courage pour découvrir la réalité sociale d'une époque qui était des plus brutales du í-égime du Horthy fascisme. En dehors de Derkovits, il n'y avait qu' Attila József, poète de génie de la classe ouvrière, pour le faire. Les critiques bourgeois contemporains de Derkovits se sont efforcés de passer sous silence le contenu idéologique de son oeuvre. Avec un parti pris résolu, ils avaient essayé de prouver que les hautes qualités artistiques qu'ils avaient eux aussi appréciées, ont rendu inopérantes « les idées nuisibles » que Derkovits voulait propager par ses oeuvres. 31 Il s'est avéré une fois de plus que c'est une hypocrisie de leur part de parler de l'objectivité de la critique. En été 1930, par suite de la crise, Derkovits se trouvait dans une situation particulièrement difficile; comme il n'arrivait pas à vendre ses tableaux, il avait à peine de quoi manger et ne pouvait plus payer son loyer. D'une manière brutale, on le mit sur le pavé, il habita alors une année à Újpest, avant de s'installer de nouveau à Budapest. Malgré ces revers, il travaillait à toute allure. Comme s'il avait pressenti sa fin proche. En 1932, sa misère est à son comble, mais il travaille sans relâche. Il se comporte de la même façon que l'eau qui mise à la pression, s'échappe par la moindre fuite. C'est l'année où il produit le plus, et des chefs-d'oeuvre. Comme l'alouette dans la fable de Wilde, plus l'épine s'enfonce dans le corps, plus elle chante à< pleine voix. Il peint si librement, si naturellement et compose avec une telle virtuosité que l'alouette chante et entonne des airs les plus hardis. Mais son chant n'est pas gai. Aux voix sombres se mêlent, durant les aimées 1933 et 1934, des chants qui expriment la beauté de la vie ou célèbrent la force populaire indestructible. C'est par ce côté que son art atteindra aux plus hautes cimes qui ne sont accessibles qu'aux grands génies. Dans notre collection c'est surtout la toile « Sur la Voie ferrée »3 2 (M. B.—A. 1932) (Fig. 29.) qui fait entendre la voix grave des drames et des ballades. Sur la voie une locomotive aux roues d'argent file à toute vapeur, en bas un ouvrier et sa femme cheminent lentement. Ils sont bruns et brisés comme la terre sur laquelle ils marchent. Mais la femme a le ventre gros, elle porte en elle une nouvelle vie. Dans ces années, Derkovits revient souvent aux motifs de la maternité, à la mère qui enfante l'avenir et l'enfant qui va créer un meilleur avenir. Sur une autre toile les « Générations * (1932) 33 (Fig. 30.) (M. B.—A. 1934) chef-d'oeuvre authentique également, il dévoile clairement comment il conçoit cet avenir. Au premier plan du tableau un ouvrier — c'est lui-même — lit un livre à couverture rouge, derrière lui, dans le miroir appliqué au mur, on voit, à gauche, une mère prolétarienne donnant à manger à son enfant et, à droite, en demi-teinte, les contours d'un portrait de Marx accroché au mur en face. La fine composition suggère, d'une manière qui ne prête à aucune équivoque, le rapport entre les trois générât ions. On peu! rattacher à ce tableau «l'Ebéniste^ (]\T. G. M. B.—A, 1956) cité souvent aussi sous le titre d'« Autoportrait à l'Équerre » puisqu'il se peint lui-même exerçant son ancien métier. Le 27. Gyula Derkovits (1894-1034): Pour le pain. 1030. Derkovits Gyula (1894-1034): Kenyérért. 1030.