dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

11 y a dans ce visage dur, grossier presque et confiant pourtant, une certaine réserve déjà, avec une spiri­tualité rayonnante et une humanité profonde. La compassion humaine et, sans doute, le senti­ment de la communauté du sort aussi, attirent son attention de très bonne heure sur les pauvres et sur les travailleurs. Un grand nombre de beaux dessins précoces en témoignent. En général, une tristesse profonde déborde de ces figures fatiguées mais il découvre déjà en eux la force vitale indestructible. Dans notre collection, les deux types de tableaux sont également représentés par plusieurs pièces. 7 Le dualisme du déclassement et de la force du relève­ment, qui caractérisent toujours le peuple opprimé, est partout sensible dans son oeuvre et la représen­tation artistique de cette antithèse confirme la vérité et l'unité du réalisme de son art. La seconde période de son activité est encadrée des trois années de 1923 —1926 passées à Vienne. Les années de 1927 et 1928, qui suivent son retour dans sa patrie, peuvent être considérées comme un temps de transition à la fin duquel on est surpris de le voir surgir comme un artiste indépendant avançant d'année en année sur la voie qui mène à la grandeur. Le premier motif de son départ pour Vienne, cette fois avec sa femme, était la misère où vivait à Buda­pest l'ouvrier menuisier communiste. 11 part avec quelque espoir pour la capitale de la nouvelle Répu­blique autrichienne. Son âme assoiffée de culture pousse également le jeune peintre vers l'antique centre de la vie artistique. Son bagage n'est pas bien lourd. Il a reçu, d'une personne qui lui voulait du bien, 20. Gyula Derkovits (1804-1934): Violoniste. 1924. Derkovits Gyula (1804-1934): Hegedűs. 1924. une lettre de recommandation pour un industriel autrichien né en Hongrie, qui lui assurerait le peu dont il aurait besoin pour vivre. Parmi les émigrés de l'ancienne République hongroise des Conseils, il trouvera des amis et retrouvera son frère. Dans les réunions du parti communiste, il puisera de la force. Le « Kunsthistorisches Museum » sera un maître pour lui, il ira le voir comme le croyant fidèle va à l'église. H fréquente certainement les expositions et les galeries. La misère l'accompagne partout . A Vienne, les empreintes qu'avaient laissées dans son âme les événements tragiques et les horreurs vécues pendant la première guerre mondiale (qui a causé une blessure inguérissable à son corps et à son âme), les souvenirs de la terreur blanche qui fit rage en Hongrie après la chute du pouvoir prolé­tarien, sont déjà assez mûrs pour apparaître, avec une force visionnaire, dans ses tableaux tourmentés. La consternation et la détresse restent caractéristiques pour toutes les oeuvres de cette époque. La « mélan­colie à la violoncelle», qui régnait presque toujours dans ses tableaux antérieurs, a disparu définitivement. Notre collection reflète bien cette époque. Sur les toiles comme «Mon frère aîné et sa Femme» 8 (M. B.—A. 1926) et « l'Autoport ait à la Mitre» 1 » (G. N. H. 1957) exécutées en 1923, les visages raides et les grands yeux ébahis des deux hommes sont pénétrés d'une horreur profonde. Ici les formes sont encore tranquilles bien que tendues mais les couleurs deviennent déjà sombres et ne sont que rarement incandescentes comme la braise sous la cendre. Sur une variante gravée de «l'Autoportrait», il remplace la croix de la mitre, faite de papier collé, par la faucille et le marteau, insigne des commu­nistes. (Fig. 22.) Au premier abord, l'idée paraît bizarre et naïve, elle ne l'est pas. C'est une confession de foi courageuse. Il subira le sort des martyrs. Les deux oeuvres principales de l'époque les « Hommes pleurant le Mort » (1924) (G. M. B., 1949) et la «Fuite» (1926) (N. G. II. M. B.-A. 1954) découvrent l'état intime véritable de l'âme de l'ar­tiste et annoncent le changement qui s'opère dans son style. (Les deux compositions 10 , 11 de grand for­mat se trouvent à la Galerie Nationale.) Dans ces tableaux, la consternation et la détresse, dont nous avons parlé plus haut, éclatent de son âme telles un cri de douleur. Une immense désolation se dégage de ces oeuvres comme si le monde avait été dévasté par un tremblement do terre suivi d'inondations et d'incendies. En effet, les causes qui sont à l'origine de ses visions étaient de ce genre. Ses tableaux sont des représentations symboliques d'un contenu très réel. Sur la toile « Hommes pleurant le Mort »,

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