Dobrovits Aladár szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 3-4. (Budapest, 1959)
Árpád Somogyi: Nouvelles données sur la staurotheque byzantine d'Esztergom
croix» sont caractérisées justement par les murailles grossières et épaisses des vêtements qui sont dessinés avec un tracé nerveux et arrangés au hasard, d'une manière agitée et improvisée, différant essentiellement de la homogénéité de la couronne, où le trac et le drapé de la figure de la danseuse ne sont de loin aussi improvisés que sur la staurothèque. La couronne de Monomaque est plus équlibrée et les couleurs, le dessin et les proportions des trois plaques centrales sont parfaitement homogènes. La couronne de Monomaque est dominée par la couleur bleue qui crée l'effet de base. Les pierreries jaunes et bleues des vêtements lui assurent une polychromie harmonieuse. Quelques couleurs de la couronne se rencontrent aussi sur la staurothèque, par exemple les couleurs des lorions des impératrices Zoé et Hélène sont identiques. La couleur fondamentale de l'une et de l'autre lorion est le jaune, avec la seule différence que celui de l'impératrice Hélène est d'un jaune opalin, couleur qui est le propre d'une époque de transition postérieure. Les visages sont sur la couronne de Monomaque plus clairs, l'émail est plus uniformément reparti et s'approche mieux de la polychromie naturelle. Par contre, sur la staurothèque on voit des couleurs qui n'existent pas sur la couronne, tels le noir, plusieurs variantes du lila et le blanc. Il est surprenant que les spécialistes qui ont décrit la staurothèque n'ont découvert entre celle-ci et la couronne que des identités. Ils ont manqué d'accentuer les fortes différences de technique qui, pour la datation, sont bien plus importantes. Pour pouvoir situer la staurothèque dans l'histoire de l'émail cloisonné byzantin et fixer sa place dans le rang des pièces d'orfèvrerie byzantines en émail cloisonné, ce sont justement ces traits que nous devons démontrer. En vue de la datation de la staurothèque, nous devons prendre en consideration, outre les différences techniques entre l'émail de la couronne de Monomaque et celui de la staurothèque, les conditions qui se présentaient dans l'évolution de l'émail cloisonné byzantin. L'art de l'émail cloisonné connut à Byzance des périodes de gloire, puis arrivé à son apogée, il prit le chemin de la décadence. Nous choisirons dans le long trajet de son évolution deux étapes qui nous permettront de déterminer l'endroit et le temps de l'exécution de la staurothèque d'Esztergom. Nous rattacherons l'une des étapes à une date connue, à 1054, année qu'on peut présumer comme la date limite de l'exécution de la couronne de Monomaque, et nous fixerons l'autre étape au milieu du XII e siècle, lorsque dans l'art de l'émail cloisonné dominait le style linéaire. Examinons tout d'abord la couronne de Monomaque et la staurothèque du point de vue de leurs traits identiques. Comparons les figures de Constantin et d'Hélène avec les personnalités impériales représentées sur la couronne de Monomaque. Les murailles emprisonnant les figures des Constantin et d'Hélène présentent tant dans leur tracés que dans leur exécution plus de finesse, ce qui témoigne de bonnes traditions. La minceur et le tracé des murailles sont les mêmes que sur les meilleures oeuvres en émail cloisonné. Par contre le dessin des figures des deux scènes inférieures, les contours durs et épais, les lignes nerveuses des séparations, les drapés tordus en spirale et en forme de V, ont ce caractère linéaire qui indique la décadence de l'art de l'émail cloisonné byzantin. Les murailles grossières étant au milieu du XII e siècle générales, on peut situer la staurothèque entre la date de l'exécution de la couronne de Monomaque et celle de la pénétration du style linéaire, donc au tournant des XI e et XII e siècles. Ceci constaté et les résultats évalués, nous pouvons établir que les identités entre les deux oeuvres justifient la supposition selon laquelle la staurothèque a été exécutée dans une