Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)

22 naissance de nombreuses questions qui préoccupaient vivement les auteurs du moyen âge, comme par exemple celle du cinquième élément, l'existence de l'é­ther, —ou comme celle de l'explication de cette thèse biblique selon laquelle le Seigneur a situé la terre entre les eaux, donc le problème de savoir comment et en quelle forme se place, au-dessus de l'air, la deuxième couche d'eau. Il ne connaît pas non plus les conceptions astronomiques du XII siècle, ni les ensei­gnements de l'école de Chartres. Dans l'interprétation de notre texte, il nous paraît problématique ce qu' il dit sur la forme de la terre et de l'eau. Originaire­ment, nous pouvons lire dans le texte la phrase suivante: "Terra et aqua, que intime mundi partes sunt, in modum cite formate sunt." Comme le latin ne connaît pas de substantif 'cita', nous devons penser à une corruption du texte. Les copistes ont écrit, en plus d'un endroit, les mots commençant par les lettres "se" sans "s" /ainsi par exemple au lieu de ' scissem', ils ont écrit 'cissem', etc./ Cette graphie nous permet de compléter la forme "cite" à "scite". Ce dernier est ou bien une forme corrompue du mot "scuta" ou bien il est en rapport avec le mot grec "scytala" ou "scytale". En ce qui concerne la variante "scuta" qui est à l'origine aussi du mot "scutella", nous avons réussi à en retrouver aussi la source. On a publié, parmi les oeuvres de Bède le Vénérable, un ouvrage int. "De mundi coelestis terrestrisque constitutione liber" qui est, en fait, d'une époque plus récente, donc il n'est pas l'oeuvre de Bède. Pseudo-Bède écrit ce qui suit sur la forme de la terre: "Anaxagoras rotundam et planam in modum ancilis volebat. Alii in modum scutelle, ubi quidquid caderet, ibi vero recipi volebant." (51 ) 7. Après avoir essayé d'esquisser 1'arrière-plan spirituel dans lequel la science de l'éthique s'est formée au XII e siècle, examinons maintenant de plus près ce que notre auteur anonyme enseigne dans le détail sur l'éthique à l'occa­sion ou — nous pourrions mieux dire — sous prétexte du commentaire de la Con­solation. Rappelons avant tout que notre commentateur veut présenter, dans la Consolation, le dialogue de l'homme parfait et de l'homme imparfait, et la force de conviction exercée, au cours de ce dialogue par l'homme parfait sur l'homme imparfait. Remarquons à ce propos que, dans les ouvrages de contenu éthique, nous rencontrons, plus d'une fois, les expressions de "perfectus" et "perfectio". Alain de Lille aussi parle de "vir perfectus", et dans le titre même de son An­ticlaudianus, nous pouvons lire cette expression: "Anticlaudianus sive de officio viri boni et perfecti". Elles se rencontrent plusieurs fois aussi dans le commentai­re sur la Consolation de Pseudo-Jean. En quoi consiste, selon notre auteur, la source principale de la perfection? La philosophie est une recherche de la Sagesse, "quam quidem totam capere nequeunt... a qua quidem tota eorum perfectio consistit". Les yeux de la philosophie sont "seientia et virtud',les philosophes doivent etre vénérés pour leur savoir et pour leurs vertus. /"Sunt autem philosophi tum pro seientia tum pro virtute reverendi"/. Citons encore un passage: "[Perfectorum] maior est tam in seientia quam in virtute facultas". (52) La base de son éthique est donc expressé­ment l'acquisition du savoir et de la vertu. Cette conception correspond parfaite­ment à l'enseignement de Socrate: l'acquisition du savoir juste conduit à la vertu

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