Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)

13 la diffusion et 1' application généralisée des catégories qui ont paru originaire­ment dans le commentaire à Porphyre par Boèce, peuvent être observées dans la littérature didactique et théologique du XII siècle, et en particulier dans les 'accessus'. (26) C'est dans les 'accessus' que nous trouvons une réponse aussi à la question de savoir comment il faut entendre la première phrase de notre com­mentaire. Cette phrase est conçu en ces termes: "Prologus est Anicii Manlii Severini Boecii de consolatione liber primus incipit". Pourquoi l'auteur introduit-il le titre, ou plus exactement 1'incipit, de façon qu'il soit en même temps le prologue ? La réponse est fournie par le raisonnement qui s'est présenté déjà chez les commentateurs médiévaux de la Consolation par rapport à la question de savoir pourquoi Boèce n'a pas écrit de prologue à la Consolation. Citons Conrad de Hirschau dont le Dialogus présente justement l'élève posant cette question au maître. Or, le maître répond ainsi: "Consuetudinis quidem quorundam scriptorum est, ut ais, prologos operi suo prefigere, quibus opus sequens aut commendant aut excusant, auditores suos benevolos, dociles et intentos reddentes; sed Boethius in ipso titulo, qui gerit officium prologi, haec omnia breviter comprehendit et lectorem ex ipso titulo ad considerationem operis sequentis instruit... ". (27) Examinons maintenant la manière dont les différents prologues définissent le contenu idéologique de la Consolation. Sous ce rapport, l'auteur de notre commentaire s'adapte bien au genre des ouvrages en question, mais comme nous verrons, il s'en différencie aussi quant au contenu. En lisant ces sources les unes après les autres, on voit luire en elles une idée ou une expression qui se retrouvent aussi dans notre commen­taire. Selon Pseudo-Jean l'intention de Boèce est de consoler à l'aide de la philosophie ceux qui sont affligés par la perte des biens de ce monde, en démon­trant que les biens temporels ne permettent pas d'accéder à la vraie perfection et au bonheur véritable. De même selon l'auteur du chapitre respectif du recueil de prologues de Huygens, Boèce veut amener l'homme au mépris des biens changeants et éphémères du monde, car ils ne sont pas capables de donner le vrai bonheur. Conrad de Hirschau expose l'opinion que le sujet de la Consolation est la sagesse consolatrice qui veut sauver toutes les âmes souffrantes de leurs maux et les amener à la connaissance du vrai bien a travers le mépris du monde. Selon l'Anonyme des Reginenses qui à été étudié par Wilmart, Boèce voulait élever le lecteur dans la vertu de la patience. Les malheureux et les misérables sont, à ses yeux aussi, ceux qui se laissent influencer par la tournure que prennent les choses de ce monde. Voyons maintenant l'idée centrale de notre commentaire et la manière dont elle est développée. En général, il se situe dans l'ordre d'idées des écrits que nous venons de caractériser, ce qui est attesté aussi par plusieurs expressions analogues. Le point de départ de son raisonnement est le fait que Théodoric persécutait les catholiques, et selon lui, Boèce craignait que les faibles seraient ébranlés par leur attachement aux biens de ce monde. A la différence des autres ouvrages analogues, notre commentaire donne

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