Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)

14 la définition de la notion de consolation et dans cette définition il est déjà question des 'perfecti' et 'infirmi'. Il définit encore plus nettement ces deux qualités humaines comme sujet de l'oeuvre commentée: "...materiam assumpsit unde hanc componeret consolationem, infirmitatem videlicet imperfectorum et perfectorum firmitatem." (28) Mais il n'est pas question des faibles en général, mais de "infirmorurn fratrum in ecclesia fragilitas", qui peuvent être ébranlés par le défaut de la vertu de la patience. La con­solation est donnée par les personnes moralement parfaites et leur rôle est tenu dans le dialogue par Philosophie. Notre commentateur se hâte de l'expliquer clairement: Boèce, bien qu'homme parfait, doit représenter, aux yeux des lecteurs, la faiblesse des hommes imparfaits dont il tient ici le rôle. Dans la définition citée de la notion de consolation, la mise en scène de 1 iustitia'est d'ailleurs une nouveauté; nous en éclairerons le rôle d'une manière plus détaillée plus loin, en interprêtant la "iustitia naturalis". 3. En analaysant notre commentaire, examinons, avant tout, ce qu'il enseigne sur la figure de Philosophie et la manière dont il détaille, à ce propos, la division des sciences. Les catégories /substantia, quantitas, qualitas, situs, habitus, actio/ dont il se sert pour décrire le personnage allégorique de Philosophie, correspondent parfaitement aux catégories aristotéli­ciennes. Il explique l'essence de la philosophie avec la comparaison qu'elle est une vision apparue sous la figure d'une femme, vision qui n'est pas "istorialis sed mistica". Il emploie cette expression comme un terme bien connu qui n'exige pas une explication spéciale. Au moyen âge, le mot 'historialis' signifiait en général la réalité visible et empirique à l'opposé du monde mystique et de la vision.(29) L'essence de cette figure féminine symbolique est qu'elle "invisibiliter générât et nutrit de imperitis peritos, de insipientibus sapientes, de imperfectis perfectos."(30) Donc en somme notre commentaire formule, dès le début, le contenu moral de la philoso­phie, l'unité du savoir et de la morale, thèse à laquelle il reviendra dans la suite à plusieurs endroits du texte. La sagesse est localisée dans la tête et de même que la tête est la totalité de toutes les sensations, la philosophie est la totalité de tout savoir et de toute vertu. On connaît aussi d'autres sour­ces de son assertion selon laquelle on appelle la philosophie 1' amour de la sagesse, parce que l'homme ne peut que prétendre et aspirer à elle sans jamais l'atteindre dans sa plénitude. Notre commentaire divise la philosophie en trois branches principales: "Continet enim physicam, ethicam, logycam". Cette division ternaire remonte, selon la tradition, à Platon qui, en fait, n'a jamais établi une pareille classifi­cation des sciences, que déjà Cicéron avait attribuée à Platon. (31) Selon Sextus Empiricus, par contre, ce fut d'abord Xénocrale et après lui le Stoa qui se sont servis de cette division ternaire. Il n'est pas de notre propos de suivre le chemin intéressant de cette classification dans la pensée antique; elle fut transmise au moyen âge par saint Augustin selon qui cette division ternaire peut être déduite de la relation de Dieu au monde et aux hommes en ce sens que l'absolu est la source de la causa subsistendi /physique/, de la

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