Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)
7 L'attitude de Guillaume se caractérise par son aspiration audacieuse à la connaissance de la nature et par son opposition contre ceux qui s'attachent trop étroitement à la lettre de 1' écriture: "Statim obstrepunt, quia in libris suis ita scriptum non inveniunt... .Nec volunt quod aliquid supra id quod scriptum est inquiramus, sed ut rustici simpliciter credamus."(9) La manière est intéressante dont il défend Boèce de l'accusation d'avoir accepté la thèse de Platon sur la préexistence des âmes: "Sed quod Plato voluisset omnes animas simul creatas fuisse, nusquam invenitur; sed impositas esse stellis et descendere per planetas, hoc quidem invenitur, Sed dictum est hoc in "O qui perpetua" per integumentum..." (10) Le commentaire de Guillaume de Conches est destiné à l'enseignement, il tend à mettre en accord la philosophie antique et le christianisme et il accepte d'avance toutes les thèses de Boèce, Guillaume connaît et accepte tout ce que Boèce a emprunté à Platon. Il n'y voit rien de répréhensible, puisque lui-même il est tout imbu du platonisme qui règne alors à l'école de Chartres. En défendant Boèce, il se défend lui-même et son école. De là un ton souvent polémique dans son oeuvre; il était d'ailleurs exposé, lui aussi, à des attaques qui l'ont forcé à quitter sa chaire de Paris. Parmi les commentaires du XII e siècle, nous allons faire connaître, en ce qui suit, une oeuvre d'une étendue considérable que Silk a publié, dans une édition critique, comme un travail anonyme du IX siècle. Bien que dans le titre de son livre, il n'indique que d'une façon générale que l'ouvrage est d'un auteur du IX e siècle, dans son appareil critique il confronte le texte du commentaire avec des passages pris aux oeuvres de Jean Scot Erigène et il arrive à la conclusion que son auteur est le grand philosophe irlandais. Comme il a pu démontrer aussi d'autres concordances avec des commentaires plus anciens et plus récents, il P pensé qu'il a découvert et rendu accessible au monde savant le commentaire carolingien d'extraordinaire importance qui peut être considéré comme le point de départ de tous le commentaires ultérieurs sur la Consolation. Cependant, peu après la publication du commentaire en question, la critique a démontré que cet ouvrage ne peut être d aucune façon de l'époque carolingienne. (11) Courcelle a d'ailleurs constaté aussi qu'aucun des manuscrits étudiés par Silk n'est antérieur au XII siècle. C'est également Courcelle qui a prouvé dans le détail que c'est justement le contraire de l'assertion de Silk qui est vrai. Cet ouvrage anonyme n'est pas la source, mais la compilation de commentaires anciens et récents. L'appréciation, la méthode de l'analyse du commentaire, l'étude de ses sources furent d'avance déterminées pour Silk par le fait qu'il croyait avoir découvert un ouvrage carolingien. Courcelle, par contre, représente l'autre position extrême en le déclarant une compilation sans aucune valeur. Le commentaire de Pseudo-Jean commence par une brève biographie de Boèce et par un prologue qui relatent son destin malheureux et les circonstances de la composition de la Consolation. Le commentateur constate que le modèle de Boèce était Martianus Capella, mais selon son jugement.il surpasse Martianus et par son choix du sujet et par son style. T1 est de l'avis que Boèce n'est guère inférieur a Virgile quant à sa versification, et à Cicéron quant à sa prose. Après l'explication du nom et du rang de Boèce, il caractérise clairement la structure